Plat Publié le mercredi 12 août 2009 à 09h54

A la rencontre des éleveurs... (2)


Hommes ou femmes, petits ou grands haras, ornais, vendéens ou mayennais, ils n'ont qu'un seul rêve, élever un champion. Animés par une indéfectible passion, les éleveurs de pur-sang sont environ 3700 à faire le même songe chaque année. Parmi eux, 120 sont éleveurs professionnels. Travail et recherche génétique sont leur crédo. A quelques jours des prestigieuses ventes de Deauville, au travers trois témoignages, ils vous livrent leurs espoirs.

Antoine de Talhouët-Roy, Haras des Sablonnets

1854, voici la date de référence pour le Haras des Sablonnets. C’est là que tout a commencé pour la famille de Talhouët-Roy. Héritier de cette tradition, Antoine s’occupe avec passion de l’élevage familial depuis 1990. "L’élevage ? Dans notre famille, c’est une véritable tradition. Elle dure depuis cinq générations. A l’époque, il était de bon ton pour l’aristocratie d’avoir des chevaux de course. La passion était née. Il n’y a jamais eu de rupture. Bien sûr, il y a eu des moments délicats sur le plan économique et notamment à mon arrivée. Nous avons été tout proche de la vente du Haras. Mon père y pensait sérieusement. Mais, ayant la passion et étant prêt à changer de vie, je lui ai dit que je voulais continuer l’activité. Il m’a fait confiance. A 28 ans, ce n’était pas évident pour moi de gérer tout cela. Mais bon an, mal an j’ai réussi à redresser progressivement la situation. Nous avons moderniser les structures et modifier la façon de travailler en prenant des poulinières en pension. Nous sommes donc devenus éleveur-vendeur et éleveur-propriétaire. A titre personnel, j’ai toujours une douzaine de juments car je rêve d’élever un champion. C’est le but de tout éleveur. Ce qui me plaît, en fait dans cette profession, c’est que les petits peuvent battre des éleveurs aux moyens illimités. Tout le monde a sa chance. Elever, c’est un jeu ludique. Mais il ne faut pas oublier que cela comporte des risques. Les ventes sont donc le ballon d’oxygène. Les enjeux financiers ne sont pas neutres. Il est nécessaire d’effectuer les meilleurs résultats possibles. C’est le moment capital d’une saison. Mais en fait, dès la conception du produit, il faut trouver l’alchimie, ce qui pourra plaire à l’acheteur. Aujourd’hui, les éleveurs doivent produire des poulains haut de gamme. L’équipe qui travaille à mes côtés, Valentin et le courtier, Laurent Benoît ainsi que moi même avons une lourde responsabilité. Nous n’avons pas le droit de passer au travers des ventes de Deauville, qui sont la vitrine de l’élevage français. Cette année, je présenterai quatre yearlings. J’espère qu’ils se vendront bien. Mais surtout, je souhaite qu’ils soient les meilleurs possible en compétition car c’est là l’essentiel. Lorsque l’on est passionné, c’est une sensation formidable que d’aller voir courir les chevaux que l’on a élevé. C’est ce qui fait vibrer. Ce pourquoi on travaille. Et puis, c’est bien de savoir que cette émotion particulière est familiale et qu’elle existe depuis plusieurs générations. D’ailleurs, j’ai trois enfants, et vous savez, je leur laisserai évidemment le choix de faire ce qu’ils désirent mais ce serait une fierté que l’un d’entre eux reprenne le flambeau de l’élevage au Haras." Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !