Plat Publié le mardi 14 juin 2011 à 12h00

André Fabre - Maxime Guyon : Flash-back sur un état de grâce


Outre ce que l’on peut penser de l’homme, ce que réalise depuis de longues années André Fabre et ce qui s’est produit entre sa victoire de Derby d’Epsom et son fabuleux coup de quatre dominical, ne fait que parachever une réalisation qui s’inscrit dans l’histoire du turf. Dans de nombreuses décennies, les mémoires et les publications spécialisées noteront l’homme comme un acteur majeur du turf de la seconde partie du XXème siècle et de la première du XXIème. A son contact, Maxime Guyon a confirmé son statut de jockey de très grand talent, un an après avoir réalisé le doublé Poule d’Essai – Jockey-Club avec Lope de Vega. Dimanche 12 juin 2011, le tandem a réalisé l’invraisemblable exploit de remporter les quatre épreuves de Groupe au programme de la réunion de prestige du Prix de Diane. Historique !

Le Derby d'Epsom et le Prix de Diane à une semaine d'intervalle pour André Fabre

Samedi 4 juin, André Fabre délègue Pour Moi dans le Derby d’Epsom pour sa dixième tentative d’entraîneur dans le classique anglais, objectif réfléchi et longuement travaillé. Au final, le Cantilien ajoute enfin l'épreuve à son palmarès. Une semaine plus tard, l’homme aligne l’une des deux favorites du Prix de Diane, Golden Lilac, avec laquelle il s’est déjà adjugé la Poule d’Essai quelques semaines plus tôt. Et une nouvelle fois, André Fabre parvient à sublimer son élève pour la mener au succès. L’apothéose ne fait que débuter : lauréat de la première épreuve pour cavalières et suite au Prix de Diane, l’entraîneur s’adjuge coup sur coup les trois autres Groupes (III) de la réunion. Muet face à la presse, les archives témoignent néanmoins de la méthode Fabre, comme ces propos qu'il tenait au journaliste Gérard de Chevigny en 1984 : "Tout cheval évolue vers des périodes de forme, quel qu’il soit : à l’entraîneur de déceler ces optima et d’y faire correspondre ses engagements. (…) Je ne fais pas le papier avant de déclarer partant. Ou si peu. Ces sont mes chevaux qui décident de courir. Il m’appartient seulement de déterminer à quel moment mes pensionnaires sont au mieux, et de cerner le plus justement possible leur aptitude." Agé de 66 ans, l’homme a beaucoup appris au contact d’un autre André, maître entraîneur de son temps, M. Adèle. Le quintuple lauréat de Prix de Diane a eu le temps et la persévérance, tout au long de près de 40 de carrière, de peaufiner son art. Entre 1980 et 1983 déjà, il façonnait quatre lauréats de rang de Grand Steeple-Chase de Paris, après l’avoir emporté en tant que jockey en 1977 (Corps à Corps). De 1982 à ce jour, André Fabre s’est octroyé 143 succès de Groupe I, sur tous les continents, sur toutes les distances, avec une régularité qui n’a d’égal que son talent de metteur au point. Les chiffres semblent simples à assimiler, ils sont néanmoins tout bonnement exceptionnels. Les belles œuvres semblent ainsi simples à réaliser lorsqu’elles sont parfaitement éxécutées. Déjà en 1984 : "Je crois que ma façon d’entraîner n’a rien de sophistiqué. Beaucoup de décontraction et d’entretien – notamment de longs galops de chasse en période de transitions - , quelques "bouts vite", très peu de gazon, si ce n’est pour… en montrer la couleur." Dimanche 12 juin, pour accomplir son œuvre, le talent de l’entraîneur nécessitait aussi un soutien d’exception, celui d’un homme capable de remporter quatre Groupe de rang. Tout juste âgé de 22 ans, Maxime Guyon s’est montré à la hauteur.

Maxime Guyon ou la plénitude du jockey d'un dimanche de Diane

Médiatiquement, le jeune jockey avait été un temps éclipsé par la sensationnelle ascension de son jeune collègue Mickaël Barzalona. Au nombre de victoires françaises cette année pourtant, le professionnel devance nettement son alter ego. Maxime Guyon ne devait guère s’en soucié, poursuivant son chemin de jockey. Il lui aura fallu retrouver Golden Lilac pour que l’étincelle rejaillise, lui qui n’avait pu la monter lors de son succès de Poule d’Essai des Pouliches pour cause de mise à pied. L’année passée, ce fut déjà grâce aux mêmes couleurs allemandes du Gestüt Ammerland de la fille de Grey Lilas que le jeune jockey se hissait pour longtemps au sommet de sa profession, triomphant avec Lope de Vega dans les deux classiques pour poulains. Golden Lilac a apporté le déclic à Maxime Guyon : "C'est vraiment formidable, je vis des moments extraordinaires avec cette casaque, avec laquelle j'ai déjà remporté le Jockey-Club avec Lope de Vega l'année passée. Aujourd'hui j'ai pris le chemin de la corde mais quand on a du gaz on peut se permettre de faire des choses comme ça, et puis la pouliche a parfaitement répondu à mes sollicitations." (propos recueillis par Equidia). Suite à cette joie intense, s'en suit la plénitude du jockey. Lors de la course suivante, le Prix Paul de Moussac, Maxime Guyon ne s'inquiète pas lorsque les leaders mènent à un rythme infernal. Encore à distance au début de la ligne droite, il lance Mutual Trust qui refait progressivement son retard, puis le sollicite à nouveau à l'instant juste pour placer la banderille. Le poulain de Khalid Abdullah finit en trombe et devance ses adversaires. Dans le Prix du Lys, Maxime Guyon l'emporte dans un autre style avec Kreem, au prix d'une lutte acharnée avec Ibicenco, qui témoigne de son mental d'acier du moment. Vient peut-être la plus aisée, même s'il fallait la remporter, avec Byword dans le Prix du Chemin de Fer du Nord. Maxime a à coeur de conclure en beauté. Et la classe de Byword fait le reste. André Fabre et Maxime Guyon ont donc marqué l'après-midi du Prix de Diane de leur empreinte. L'entraîneur, en quête perpétuelle de challenges et que les clients ne manqueront pas de solliciter durant le restant de l'année classique, dispose avec Pour Moi et Golden Lilac, de deux cartouches supplémentaires en vue d'un huitième Prix de l'Arc de Triomphe. Maxime Guyon est jeune, talentueux et la profession de jockey est jonchée d'obstacles que son intelligence devrait aider à contourner. Du moins est-il pour l'instant sur de bons rails pour figurer longuement parmi l'élite de la profession. Souhaitons-lui bon vent. (Propos d'André Fabre reccueillis dans "Un Siècle de Galop", G. Thibault) Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !