Plat Publié le mardi 23 juin 2009 à 11h02

Cheikh Mohammed Al Maktoum : Indispensable ?


Personnalité influente du Proche-Orient, Cheikh Mohammed Al Maktoum est aussi le maillon fort du sport hippique. Amoureux des chevaux, propriétaire de Godolphin, l’une des meilleures écuries du monde, l’Emir de Dubaï est un investisseur indispensable à l’écosystème mondial des courses. Portrait d’une des figures des courses, un homme discret au tempérament de feu.

Vingt heures, l’information est officielle. Les plus grandes chaînes de télévision et de radio s’en font l’écho. Cheikh Mohammed al Maktoum, le mécène du sport hippique, celui sur qui repose une partie de l’économie des courses a décidé de cesser l’ensemble de ses activités. On parle de plus d’un millier de chevaux à vendre, de centaines de personnes au chômage dans ses haras et ailleurs, et de tout un pan de l’économie des ventes de yearlings qui va se fissurer. Un séisme à la magnitude inégalée dans ce domaine... Rassurez-vous, tout ceci n’était qu’une pure fiction. Mais s’il arrivait un jour, ce scénario constituerait une véritable catastrophe pour les courses tant le « maître » de Dubaï pèse lourd. Très lourd. Depuis plus de dix ans, celui qui compte parmi les hommes les plus puissants du Proche-Orient a investi des sommes colossales dans la filière équine. Lors des dernières ventes de yearlings en août 2008 à Deauville, il n’a pas hésité à acheter quatorze chevaux et ce, pour un montant approchant les 4,5 millions d’euros soit 10% du chiffre d’affaires total de cette vacation. Le top price des ventes, c’est souvent lui. Exemple le plus marquant, il n’avait pas hésité à acheter Vimy Ridge en 2002 lors des ventes de Deauville pour la somme de 2 millions d'euros, un record ! Idem pour une pouliche aux Etats-Unis payée plus de 7 millions de dollars. Deux achats infructueux en termes qualitatif… Peu importe ! L’homme n’est pas du genre à se décourager et aime le risque. Plus discret sur notre sol ces dernières années, il reste attaché au marché français des ventes et continue à investir. « Lorsque nous voyons Cheikh Mohammed al Maktoum ou ses acheteurs dans la salle, il est certain que cela nous donne du baume au cœur » admet Eric Hoyeau, le Président Directeur Général d’Arqana. Même s’il affiche un soutien au marché encore plus marqué lors des ventes de Newmarket en Grande-Bretagne ou de Lexington aux Etats-Unis où il n’hésite pas à débourser en moyenne plus de 15 millions d’euros, celui que l’on surnomme « Cheikh Mo » est un vecteur majeur pour la bonne santé des courses en France. Et ce n’est pas André Fabre et Henri-Alex Pantall qui entraînent à eux deux près de 200 chevaux lui appartenant qui vous diront le contraire. (117 chez le premier et 57 chez le second).

Il hait la défaite

Cheikh Mohammed al Maktoum est donc un homme clé. Acheteur de yearlings du monde entier, mais aussi fondateur avec son frère de l’écurie Godolphin en 1992, l’une des plus importantes écuries, il est à l’origine du Dubaï Festival qui a lieu tous les ans en mars. Cheikh Mohammed est un authentique passionné. Un propriétaire qui aime ses chevaux et qui souhaite le meilleur pour eux. L’homme ne se refuse rien ! La découverte de talent est même l’un de ses passe-temps favoris au même titre que la poésie ou la fauconnerie. Cheikh Mohammed recherche l’excellence. L’excellence, un mot que ce cavalier depuis plus de quarante ans a toujours en tête. Il hait la défaite. Discret lorsqu’il s’agit de montrer ses émotions, il est pourtant capable de grosses colères, certains disent même de lui qu’il serait mauvais perdant… « Il a horreur de perdre » confie un proche. C’est vrai ! Ses chevaux sont là pour gagner. C’est leur seule mission. A ses yeux, seul le succès possède de la valeur. Pour les hommes, sa démarche est similaire. Il s’entoure des meilleurs dans chaque domaine. Entraîneurs, jockeys, manager, tous doivent être le plus compétitif possible. Devenu souverain à la mort de son frère en janvier 2006, l’ancien étudiant en Grande-Bretagne insuffle également cet état d’esprit dans ses hautes responsabilités. L’Emir est en effet le chef d’orchestre de la modernisation de son pays. Il a su imposer sa griffe et venir à la rencontre des dirigeants des pays les plus puissants du monde. Nicolas Sarkozy l’a d’ailleurs reçu à l’Elysée le 21 mai 2008. Souvent entouré de quadras formés dans les meilleures universités américaines, conseillé par la crème des cabinets britanniques de marketing, Mohammed Al Maktoum a fait de Dubaï une marque à l’aura internationale, un concept lucratif et un mode de vie où le consommateur a remplacé le citoyen. Pour lui, la réussite est indispensable, incontournable.

Un fervent supporter

Une rage de vaincre qui le pousse à être omniprésent même lors des séances d’entraînement de ses chevaux. L’homme de 60 ans a le souci du détail et veille en personne au bon fonctionnement de son établissement situé à proximité de Dubaï. Sur les pistes d’Al Quoz, impossible de ne pas apercevoir au moins deux fois par semaine la silhouette du chef de la ville. Impassible, le regard noir, perçant tel un rapace, scrutant les moindres faits et gestes de ses employés, « Cheikh Mo » observe avec attention les galops de ses champions. Mais, le numéro 1 du pays, comme cela est d’ailleurs inscrit sur les plaques d’immatriculation de ses nombreuses voitures, n’est pas du genre à s’enfermer dans un mur de silence. Il est proche de son "team". Ceux qui l’ont vu sourire sont rares. Seul lorsqu’un cheval paré de la casaque bleue franchit le poteau d’arrivée en vainqueur parvient à lui procurer de la joie. Cette année, son écurie a déjà remporté 29 courses et amassé plus de 6,9 millions de dollars de gains. Une somme que Cheikh Mohammed entend bien multiplier à l’approche des plus prestigieuses courses de la planète galop. Si certains espèrent faire vaciller l’hégémonie sportive de Godolphin, d’autres souhaitent que l’homme le plus puissant de Dubaï reste habité par la passion. Elle est salutaire pour l’économie des courses hippiques. Et finalement pour toute une filière ! Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !