Corine Barande-Barbe : "Une émotion profonde"

Depuis la victoire de Cirrus des Aigles dans le Prix du Conseil de Paris (Groupe II), Corine Barande-Barbe est aux anges. Toujours très estimé, son protégé n'a jamais cessé de la surprendre et plus la marche à gravir semble importante plus il l'a franchit facilement. A froid, l'entraîneur de Chantilly nous a livré son sentiment.

Cirrus des Aigles vous a offert le Prix du Conseil de Paris dimanche, pouvez-vous revenir sur cette victoire? "J'étais persuadé qu'il pouvait gagner. L'ensemble des spécialistes n'avaient d'yeux que pour le cheval de l'Aga Khan mais sur les lignes qui coïncidaient, Cirrus des Aigles avait une meilleure chance. C'était moins évident vis-à-vis des chevaux d'âge mais je le voyais au-dessus de ses contemporains. Il n'a pas eu une course facile et n'a failli pas trouver l'ouverture. Mais quand il a plongé à la corde, il les a déposés. C'est la manière avec laquelle il l'a fait qui m'a le plus impressionné. Autant on a exulté après sa victoire dans le Groupe III, autant là c'est carrément du domaine du rêve." Cirrus des Aigles n'est pas le premier cheval que vous avez mené vers des succès de prestige. Tout le monde se souvient du doublé Diane-Vermeille de Carling. L'émotion des grandes victoires est-elle encore intacte? "C'est une émotion très profonde et très personnelle. Pour moi c'est toujours un immense bonheur de voir ce que les chevaux sont capables de donner alors qu'ils n'ont rien demandé à personne. Avec les chevaux ça a toujours été une belle histoire, chacun à sa caractéristique et m'apporte quelque chose à sa manière. Ils sont tous des miracles. C'est comme avec le genre humain. Il faut donner une chance à tout le monde et l'on sera forcément surpris de ce qu'ils peuvent nous offrir."

"Cirrus des Aigles a un moral d'acier"

Le cheval est incroyable de régularité et en progression constante. Comment expliquez-vous cette évolution? "Lors de sa première course, il est parti avec cent mètres de retard et a pourtant fini quatrième, sa plus mauvaise performance. Ce jour là, on savait qu'on avait un bon cheval. Il a mis un peu de temps à gagner sa première course et à gagner une Listed-race car c'est un cheval de 2.000 à 2.400 mètres et à 2 ans et en début d'année de 3 ans, ce genre de course n'existe pas. Après tout a été une question de mise au point. C'est un cheval qui a besoin de galoper à sa main, que le jockey le laisse faire. Le choix du jockey n'a pas été évident à cause de cela." On parle souvent de l'importance du mental des chevaux. Est-ce que cela s'applique avec Cirrus de Aigles? "Il a un moral d'acier, c'est sa grande force. Il ne lâche rien et donne toujours tout ce qu'il a. Il a connu toutes les conditions en course, que ce soit un terrain lourd ou bon, des distances courtes ou plus longues, il connait tout. Il s'est formé comme cela et n'appréhende rien, ça a forcément une incidence aujourd'hui." Il a déjà couru vingt fois en un an, soit une course tous les dix-huit jours. Ça n'est pas un peu trop? "C'est une question qui revient souvent mais vous savez j'ai un petit effectif et je ne peux pas entraîner mes chevaux comme dans les grandes écuries. Cirrus est un cas particulier, je ne peux pas le travailler dur le matin, sinon ce serait aux dépens d'un autre. Il a appris son métier l'après-midi sur le champ de course, prenant chaque course comme une marche à grimper. C'est pour cela qu'il progresse à chaque sortie."

"J'aime que les gens se sentent bien"

D'où viennent tous ces "Aigles" qui font votre réussite? Un rapport avec la piste ou le chemin qui mène à votre écurie? "Ils proviennent tous de chez Yvon Lelimouzin. Un ami qui travaillait auparavant sur les pistes de Chantilly, un vrai homme de cheval. Le nom des "Aigles" provient bien entendu de la piste qui est la seule que j'utilise pour entraîner mes chevaux." Vous êtes un modèle de régularité et faites partie des meilleures femmes entraîneurs malgré le faible nombre de chevaux à l'entraînement. Qu'est-ce qui fait votre réussite? "Je ne fonctionne qu'à l'affectif, j'aime que les gens se sentent bien. Autant mes propriétaires que mes employés. Il faut travailler dans la bonne humeur. C'est une raison qui fait que j'ai peu de clients et aussi parce qu'il y en a quelques-uns qui n'ont pas envie de confier leurs chevaux à une femme." Vous avez annoncé que vous alliez courir très loin de nos frontières avec Cirrus des Aigles. Comment appréhendez-vous la chose? "Ce n'est pas de l'appréhension mais surtout de l'organisation. Pour tout vous dire j'étais entrain de travailler sur un probable voyage à Rome début novembre au moment où vous m'avez appelé. Voyager hors de nos frontières exige une rigueur. Tout doit être pris en compte, aussi bien les dates, que les transports ou les frais. Cirrus des Aigles a un bon engagement début novembre à Rome et cela pourrait l'emmener ensuite à Hong-Kong en décembre. Ceci dit, si la course de Rome arrive trop tôt, il pourrait aussi bien aller courir un peu plus tard à Hollywood et cela l'empêcherait d'aller à Hong-Kong. Tout doit être planifié." Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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