Gloria de Campeao, globe-trotter des courses hippiques
Après avoir débuté sa carrière au Brésil sous l’entraînement de Cosme Morgado, Gloria de Campeao est passé dans les boxes de Pascal Bary à l’âge de 4 ans. Entre ses premiers pas en Amérique Latine, ses désillusions en Europe, sa révélation sur le dirt de Dubaï et son récent sacre en Asie, Gloria de Campeao a un destin hors du commun. Portrait d’un cheval qui résume à lui seul le phénomène de mondialisation des courses hippiques.
A l’heure actuelle, des changements à l’échelle planétaire ont lieu. De nouveaux pays très riches naissent de leurs cendres. Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine sont de formidables exemples de renouveaux économiques. Les courses hippiques profitent de cet enrichissement et de plus en plus de belles épreuves sont proposées aux champions qui sont prêt à en découdre sur les hippodromes du monde entier. Depuis son jeune âge, Gloria de Campeao est un habitué des avions et des ambiances de feux à des milliers de kilomètres de son paisible box de Chantilly. A priori rien ne destinait Gloria de Campeao et Pascal Bary à écrire l’une des pages les plus marquantes de la mondialisation des courses hippiques. Acheté yearling par son propriétaire d’origine Suédoise, Stefan Friborg, Gloria de Campeao apprenait alors gentiment son métier de cheval de course dans les boxes de Cosme Morgado. Déjà doté d’un physique hors du commun, le champion Brésilien était taillé pour réussir dans son pays ou les courses sont menées à un rythme d’enfer, sous une chaleur de plomb. Là-bas, ce sont les guerriers qui gagnent, les autres mordent la poussière. Gloria de Campeao était apparemment un adepte du combat, de la course sélective et de la fièvre pesante. Il ne se cachait pas et allait au bout de lui-même : un vrai cheval brésilien. Après cinq éclatantes victoires dans son pays, son propriétaire décida alors de vivre son rêve en Europe avec trois de ses pensionnaires. Un jour de septembre 2007, Gloria de Campeao arriva dans les boxes de Chantilly chez Pascal Bary, l’homme aux trois Breeders' Cup.La désillusion française
Dès ses premiers galops, l’entraîneur tomba sous le charme de ce champion au physique imposant et au moral de fer : « Je savais qu’il irait loin, il avait la classe et les possibilités d’un cheval d’exception ». Présenté d’emblée avec de grosses ambitions, dans le Prix Daniel Wildenstein (Groupe II), le champion brézilien fut méconnaissable. En milieu de peloton, il s’inclina sans avoir montré son courage et sa rage habituel. La difficile adaptions aux courses françaises ? La chaleur ? Une meilleure aptitude au dirt ? Décidé à en savoir plus sur le cheval, l’entourage décida donc de mettre les voiles et d’emmener le champion déchu vers d’autres terres, d'autres campagnes. Destination Dubaï, sa magie, ses allocations astronomiques et son dirt. Ayant bien supporté le voyage dans les airs, Gloria de Campeao se présenta au départ de plusieurs Groupes dans une forme étincelante, particulièrement à l’aise sous la chaleur suffocante du Moyen-Orient. Auteur d’une série d’accessits, l’élève de Pascal Bary reviendra de Dubaï avec 100.000 euros de plus sur son compte en banque. Les observateurs s'accordaient donc à dire que Gloria de Campeao était un "champion en sable..." Il avait encore à prouver qu'il avait la classe des grands dignes de disputer les plus belles courses du monde sur le turf. Mais au vu des ses possibilités montrées au Brésil, Pascal Bary avait foi en son champion et fut persuadé que celui-ci pouvait faire jeu égal avec les meilleurs sur le gazon. Retour donc en France pour un autre essai. Sous la tiède température de Longchamp, il fut présenté au départ du Prix Dollar (Groupe II). En selle, Christophe-Patrice Lemaire remplaça Ioritz Mendizabal avec la ferme intention de vaincre. Une fois de plus, Gloria de Campeao termina dans le brouillard, là où le soleil lui manquait désespérément…Aussi à l’aise sur le dirt que sur le turf
Encore très perfectible, le champion Brésilien reprit l’avion vers sa « plage » favorite à Dubaï pour préparer une des courses les plus richement dotées du monde: la Dubaï World Cup. Deuxième derrière l’intouchable Well Armed, Gloria de Campeao passa près de son exploit ! Le jour de gloire approchait. Il sera finalement trouvé en Asie sur le gazon de la Singapour Cup, là où personne ne l’attendait. Son jockey habituel Jorge Leme étant blessé, c’est Tiago Pereira qui assura l’intérim à l’autre bout du monde, lui qui le connaissait pour l’avoir monté en début de carrière au Brésil. Agé de 33 ans et comptant plus de 1.750 victoires dans son pays, il mit plus de 30 heures pour rejoindre Singapour et mena une superbe course « à la brésilienne », comme ce qu’adore faire Gloria de Campeao : sous un soleil de plomb, tête et corde, en usant ses adversaires au train. A l’issue d’une ligne droite de toute beauté, le champion résista d’un nez au terrible retour de Prevlis. Pascal Bary pouvait exulter, ce fut la première fois que la Marseillaise retentit dans l’équivalent de l’Arc de Triomphe Asiatique.Une association gagnante
A peine le temps de boire une coupe de champagne, l’avion attendait l’entraîneur et le jockey pour leur retour dans leur pays respectifs. Les hommes étaient aux anges, et s’envolaient dans la nuit étoilée de Singapour, des rêves pleins la tête. Un petit air de samba dans les oreilles, le jockey brésilien, l’entraîneur français et le propriétaire suédois ont réussi leur pari au pays du Soleil Levant: reconvertir les meilleurs produits de Chantilly à la crème des épreuves internationales. Entre eux l’anglais sert de lambeaux de discussions. C’est plus le talent, la parole du cœur et la passion pour le cheval qui réunissent ses hommes autour d’une histoire qui marquera à jamais les courses hippiques. Cette association franco-brésilo-suédoise n’est pas prête à s’arrêter là. Propriétaire d’un haras de 100 chevaux au Brésil, Stefan Friborg veut continuer son aventure avec Pascal Bary: «Récemment, je suis allé pour la première fois au Brésil pour observer les chevaux. Je vais recevoir un nouveau pensionnaire et croyez-moi, je pense que je vais pouvoir faire quelque chose de bien avec lui. » Hot Six, retenez bien son nom ! En attendant l’éclosion d’un futur champion, Pascal Bary a une pierre précieuse dans ses boxes : un chaud soleil brésilien inondant les matins frais de Chantilly. Gloria de Campeao a un destin exceptionnel. Aux quatre coins de la planète, il est l’un de ces mystères dévoilant ses secrets à chacune des courses. Prince des airs, puis cheval en sable, il s’est finalement imposé en Roi Soleil particulièrement performant sur les tracés corde à gauche. Il a défrayé la chronique par son moral en fer et ses cruelles désillusions en France. Les amoureux du sport hippique sont déjà impatients de le revoir en piste. Prochaine étape de son tour du monde, les Etats-Unis et ses étoiles pour la Breeders' Cup 2009. Auparavant Gloria de Campeao sera au départ d’une course de préparation à Longchamp en vue de son objectif. Une épreuve qui ne comptera pas, le gladiateur sortira ses armes sous le soleil intenable de l’anneau de Santa Anita. Corde à gauche, là où il tutoie les dieux des courses hippiques. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !La Rédaction - ©2025 Zone-Turf.fr
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