Plat Publié le jeudi 5 mars 2009 à 18h00

Jacques Ricou/Nicolas Touzaint : La rencontre


L’un a été sacré Cravache d’or en obstacle à trois reprises. L’autre a été Champion olympique par équipes à Athènes et occupe la place de numéro 1 mondial chez les cavaliers de concours complet. Jacques Ricou et Nicolas Touzaint sont des sportifs hors norme. A 28 ans, ils ont déjà tout gagné. Rencontre entre deux hommes en or.

La rencontre

Jacques Ricou : Nous nous sommes déjà vus en 2006 au Lion-d’Angers lors d’un concours auquel participait Nicolas. Mais cela n’a duré que quelques minutes car il était dans sa compétition et beaucoup de personnes essayaient de l’approcher. Nicolas Touzaint : Je m’en souviens très bien. J’ai d’ailleurs regretté de ne pouvoir davantage discuté avec Jacques. J’aime les courses, je suis un passionné. Le métier de jockey me fascine depuis mon plus jeune âge. Mon père possède un permis d’entraîner depuis quelques années. De temps en temps, je monte les chevaux et récemment j’ai même pris ma licence pour être gentleman-rider. JR : J’ai vu cela ! C’est génial que tu puisses monter en courses. Pour tes débuts, tu as terminé dans un cross-country. Tu n’as pas choisi la simplicité ! Cette discipline n’est pas la plus facile. Au-delà du résultat, quelles ont été tes sensations ? N.T : C’était formidable ! Tout s’est passé comme je l’espérais. Je n’ai pas eu trop de difficultés à me mettre dans le rythme de la course. Il faut dire que je m’étais bien préparé pour cette première. Il ne fallait pas que je me rate car les gens attendaient ma performance.

La compétition

J.R : Depuis quand pratiques-tu le concours complet ? N.T : J’ai débuté à 13 ans ce qui est assez tard. Mon père est cavalier et lorsque j’étais enfant il m’a beaucoup poussé pour que je monte à cheval. Mais j’ai fait un rejet total ! Je ne m’intéressais pas aux chevaux. Je préférais faire du foot ou du tennis. Puis mes parents ont laissé tomber, pensant que je ne serai jamais cavalier. C’est finalement à ce moment que j’ai décidé de remonter à cheval. Malgré une chute, j’ai continué. C’était le déclic ! Et toi ? J.R : Mes parents n’étaient pas dans le milieu des courses. J’ai toujours voulu devenir jockey. Je suis arrivé chez Guillaume Macaire en 1996. J’ai monté ma première course quelques mois plus tard et j’ai remporté ma première victoire en 1999. J’étais lancé. Tout s’est enchaîné assez vite ensuite. J’imagine que ce fut la même chose pour toi. N.T : J’ai remporté trois victoires en Coupe de France de 1997 à 1999. C’est là que tout a vraiment commencé. Puis ensuite, cela s’est accéléré. En 2000, j’ai été sélectionné pour les Jeux Olympiques de Sydney. C’était une grande fierté ! Il y a eu également mon titre de Champion d’Europe à Punchestown avec Galan de Sauvagère qui est mon cheval de cœur. Tu as aussi eu des chevaux importants dans ta carrière ? J.R : J’ai eu la chance de rencontrer Jaïr du Cochet qui était un cheval extraordinaire. Malheureusement, il s’est tué un matin à l’entraînement. J’ai été très affecté par cet événement car je le considérais comme un membre de ma famille. Je me suis même demandé s’il ne fallait pas tout arrêter. On aime les chevaux, certains ont plus d’importance que d’autres.

Le leadership

J.R : Je regarde parfois les épreuves de concours complet. Il y a vraiment beaucoup de bons cavaliers. Comment as-tu réussi à devenir Numéro 1 ? N.T : Tout s’est fait progressivement. J’ai d’abord eu la chance d’être bien formé. Mon père et mon oncle m’ont donné des conseils. La technique est fondamentale. En dressage, il faut acquérir les bases. Ce sont des heures de travail. Et puis, il faut faire pas mal de concours. Je fais 50 000 kilomètres chaque année. Comme pour toi, j’imagine… J.R : Concernant les kilomètres, je te bats car j’en fais environ 100 000 par saison. Pour le reste, les jockeys sont d’abord apprentis dans une écurie de courses. Après il faut avoir la chance de pouvoir monter en course ensuite. J’ai eu cette opportunité lorsque j’étais au service de Guillaume Macaire. Je ne l’ai pas laissé passer.

L’argent et la gloire

J.R : Parlons franchement, tu arrives à vivre de ta passion ? N.T : J’ai de la chance de ne pouvoir faire que cela. Mais nous sommes peu dans ce cas. 2 ou 3 cavaliers, pas plus. Il faut vraiment gagner de nombreux concours pour s’en sortir. Pour te répondre franchement, une victoire à Badminton dans un concours 4 étoiles m’a rapporté 80 000 euros. Et encore, tout ne va pas dans ma poche. J’ai des frais de transport, personnel… J.R : Ah oui ! Je suis étonné. Malgré l’image « glamour » que l’on se fait des sports équestres, les courses sont mieux loties. Moi, je touche 10% des allocations. Dans les Groupes I, ce sont en moyenne des Prix de 350 000 euros. Il y en a 9 par saison. Dans les Groupe II, c’est un peu moins mais cela reste très attractif. Même si tu n’es pas numéro 1, tu peux vivre correctement de ta passion. N.T : En tout cas, le fait de vivre de son sport permet de pouvoir faire des choix. Aujourd’hui, je monte pour moi, je peux faire mon métier plus sereinement. L’objectif est toujours de gagner. Mais s’il y a un échec de temps à autre, je sais que ce n’est pas la fin du monde. J.R : C’est pareil pour moi. Désormais, je peux me permettre de faire des choix dans mes montes, de gérer mon emploi du temps. Je peux lever le pied à certaines périodes de l’année, chose qu’il m’était impossible de faire voilà 6 ou 7 ans. N.T : Je pense que toi comme moi, nous avons atteint les sommets. On peut gérer un peu plus. Les gens connaissent notre valeur. Maintenant, c’est du bonus. Même si je vis toujours pour gagner. J.R : Tu as raison. Passer le poteau en tête ou soulever un trophée est ce qu’il y a de plus beau. N.T : Nous sommes des compétiteurs ! Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !