J.P Barjon : "Je rêve du Prix d'Amérique !"
Jean-Pierre Barjon est un enfant gâté depuis 49 ans. Jean-Pierre Barjon croit à ses rêves et c’est probablement cette étincelle magique qui allume constamment son regard et le rend si naturellement sympathique aux yeux des gens. Mais lorsque les rêves de ce roi de la limonade deviennent réalité, plus personne ne parle de folie ou d’hallucination. Jean-Pierre Barjon aura deux partants dans le Prix d’Amérique 2009…
Portrait flash
A 49 ans, Jean-Pierre Barjon se définit lui-même comme un entrepreneur passionné. Il a su relancer l’économie de la limonade artisanale. Sa marque, Lorina, est aujourd’hui présente dans plus de 40 pays et plus de 50% de son chiffre d’affaires est réalisé à l’étranger. Sa philosophie tient en trois idées : démarche, prise de risques et construction pour sécuriser l’ensemble…
La rencontre avec le grand Meaulnes
Jean-Pierre, pouvez-vous revenir sur vos premiers pas dans les courses ?
Tout a commencé avec Meaulnes. Cette histoire est à cheval entre deux mondes, celui des rêves et celui de la réalité des courses. L’histoire de Meaulnes du Corta, c’est l’esquisse d’un rêve, mais là où l’histoire devient fantastique, c’est que la réalité est allée dix fois plus loin que le rêve ! Le Grand Meaulnes est un livre référence pour moi, cet ouvrage écrit par Alain Fournier est rempli d’espérance et de voyages dans le monde de l’imaginaire, tout comme mon arrivée dans l’univers du trot. Alors imaginez la sensation qui fut la mienne en débarquant chez Pierre Morand en novembre 2000, dans le centre de la France, dans un village d’à peine 200 âmes, celui du Grand Meaulnes. J’étais déjà au cœur de mon rêve. J’ai choisi ce poulain dans un champ avec un ami et lorsque son éleveur m’a dit qu’on pouvait lui trouver un nom qui commençait par un M, j’ai immédiatement pensé à Meaulnes, c’était une évidence ! Meaulnes du Corta. Ce nom était un pont entre le livre, mon rêve et la réalité… C’est difficile de rester dans le rationnel en évoquant l’histoire de Meaulnes, je n’ai pas peur de parler de prédestination, de fusion entre mon rêve et la réalité. En débarquant dans l’univers des courses, j’avais envie de vivre autre chose, un truc nouveau, j’ai été comblé !
Avec l’argent gagné par Meaulnes lors de ses premiers succès, j’ai acquis Niky, un poulain issu de l’élevage Montesson, lors de ventes à Cabourg. Voici résumés mes deux premiers achats dans le trot !
De la limonade au champagne des victoires !
Comment vous a-t-on accueilli à votre arrivée dans le monde des courses ?
On ne m’a pas accueilli ! Le 1er janvier 2003, je suis arrivé à Vincennes côté public, j’ai pris un menu avec une entrée gratuite au restaurant Le Sulky et j’ai vu débuter Meaulnes par une cinquième place dans une épreuve remportée par un certain Memphis du Rib. L’entraîneur était content du poulain, on venait de prendre 660 euros après 3 ans d’attente, je me suis demandé :" pourra-t-il courir deux fois par mois pour couvrir les frais ou est-ce une nouvelle pension alimentaire ? "
La plus belle course de Niky ? Sa victoire dans le Prix de Belgique qui lui a ouvert les portes du Prix d’Amérique, un super souvenir !
La plus belle course de Meaulnes ? Sa victoire dans le Critérium des 5 ans mais aussi celle dans le Prix de l’Atlantique, à un moment où j’étais vraiment dans le doute avec lui. J’ai aimé l’intensité de ces émotions liée à une certaine surprise !
Vous avez des enfants. Leur avez-vous communiqué un peu de votre passion pour les courses ?
J’ai offert à mes trois enfants la possibilité d’avoir un cheval pour Noël. Un seul a été tenté par le concept. Mon fils aîné a aujourd’hui 21 ans et il va s’occuper de la structure d’élevage que je suis en train de mettre en place. Mes enfants sont effrayés par les risques financiers inhérents aux chevaux de courses, ils n’ont pas suffisamment de garanties pour s’aventurer dans ce milieu.
Des chevaux et des hommes
Avez-vous rencontré des gens exceptionnels dans ce milieu ? Depuis mon arrivée dans cet univers, et sans rentrer dans les détails, j’ai beaucoup appris des « règles et des usages » en vigueur. Certains m’ont surpris, voire déçu, mais j’ai aussi croisé le chemin d’hommes exceptionnels dont celui de Pierre Levesque.
Justement, donnez-nous de votre vision de quelques grands des courses françaises, à commencer bien sûr par Pierre Levesque.
Pour moi, Pierre Levesque c’est l’horloger Suisse. Il sait parfaitement maîtriser et coordonner les mécanismes qui mènent aux exploits. Le mécanisme de la drive, celui de l’entraînement et des soins, celui du management des équipes, celui des relations avec les propriétaires. Même au fil de mon parcours professionnel, j’ai rarement rencontré un homme capable d’une telle remise en cause permanente comme Pierre le fait. Sa cohérence et son professionnalisme sont admirables, il fait preuve d’une rigueur absolue dans un milieu où les cartes sont redistribuées tous les jours.
Jean-Michel Bazire : C’est un phénomène, dans tous les sens du terme, son palmarès évite tout commentaire !
Laurent Abrivard : C’est un homme de cheval, parmi les meilleurs entraîneurs depuis longtemps et pour longtemps. Il me laisse l’image d’un boxeur tenace et courageux.
Sébastien Ernault : Une seule image. Il est « le fils »… sprirituel ! (N.D.L.R. : l’apprenti horloger de Pierre Levesque !)
Jos Verbeeck : Je ne le connais pas personnellement. Il est à la fois une légende et le fantôme du Prix d’Amérique.
Fabrice Souloy : Je ne le connais pas…
Jean-Pierre Dubois : Pour moi c’est Monsieur 4 en 1 ! Un visionnaire, un entrepreneur, un entraîneur et un éleveur, le tout en un seul homme, unique !
Jean-Philippe Ducher : Un homme en devenir, un artisan à fort potentiel avec lequel j’ai envie de construire un bout d’avenir.
Le défi de l'élevage
Comment sont gérées les carrières de vos étalons au haras ? Je tiens tout spécialement à saluer la vision de Jean-Yves et Céline Lhérété qui ont acheté la carrière d’étalon de Niky dès 2004. Ils ont cru en mon cheval pour l’élevage et Niky a toujours été liste pleine au Haras de Sassy, c’est un véritable succès commercial. Niky fait partie des étalons tête de liste pour le pourcentage de poulains qualifiés. Dans les classements d’élevage, Meaulnes est dans la roue de Niky, il a pris le bon sillage ! Meaulnes du Corta fait la monte au Haras des Cruchettes et, lui aussi, s’annonce comme un reproducteur performant.
Avez-vous investi dans des produits issus de vos étalons ?
Absolument ! J’ai 4 ou 5 "S" de Niky, mais aussi 7 ou 8 "T" et puis 6 ou 7 "U" ! Ma petite fierté actuelle réside dans le fait d’être propriétaire de la pouliche de Niky la plus riche en gains, à savoir Soif de Limonade, mais aussi de la pouliche issue de Meaulnes la plus rapide de France aux qualifications, Sara de Pintignies.
Envisagez-vous d’investir dans une structure pour l’élevage ?
Mon fils va s’occuper de notre haras familial. Il s’agit du Haras de la Source et des Chênes situé à Saint-Didier-La-Forêt près de Vichy. Nous allons travailler avec Pierre Morand dans ce centre dédié à l’élevage et au pré-entraînement afin d’exploiter un pool de poulinières de qualité et de mettre en valeur mes étalons, Niky et Meaulnes du Corta.
Quelle sera votre philosophie en termes d’élevage ?
Surtout ne rien inventer… et tout créer ! Je voudrais valoriser mes étalons en leur offrant de bons courants de sang, donner une chance à la chance en quelque sorte…
Vous avez l’ambition de faire encore mieux que ce que vous avez déjà réussi ?
Je sais qu’il ne faudrait pas mais j’ai envie de revenir ! Ce n’est pas raisonnable, mais ce serait fantastique d’écrire le tome II de l’histoire de Meaulnes. J’ai encore envie de prendre du plaisir avec les chevaux, même si c’est risqué.
L'actualité
Quelle est l’histoire de votre casaque ?
Les couleurs blanche et verte de ma casaque sont une référence à celles des sucettes à l’anis et à la menthe que mon grand-père, un joueur de PMU fan de Roquépine, m’offrait quand j’étais môme. Là encore, il y a une part de rêve et d’enfance gravée dans cette casaque !
Votre vision sur l’Europe et l’avenir des courses ?
Je suis inquiet et la situation actuelle peut se résumer en une simple contradiction. La contradiction entre un immense potentiel marketing, celui des enjeux sur les paris sportifs et en particulier sur les courses, et le système actuel qui entame sa mutation avec une lenteur extrême.
Avez-vous eu une pensée pour Pierre Vercruysse qui a souvent été associé à Meaulnes du Corta ?
Avec Pierre Levesque, nous sommes allés rendre visite à Pierre Vercruysse dans son centre de rééducation près de Biarritz, c’était au mois d’octobre ou en novembre. Pierrot m’a envoyé un sms après la victoire de Meaulnes dans le Prix de Bourgogne, il a réalisé un gros travail pour revenir aussi vite à la compétition, les résultats vont vite suivre.
Le Prix d'Amérique 2009
Le Prix d’Amérique 2009 approche, comment avez-vous vécu le Prix de Bourgogne? La victoire de Meaulnes m’a procuré énormément de plaisir, Pierre a su ramener le cheval au top. Malheureusement, Niky a commis la faute et c’est une nouvelle frustration, mon bonheur n’a pu être total. Meaulnes n’est pas aussi populaire qu’il le mériterait. Ses ennuis de santé l’ont empêché d’avoir une carrière rectiligne mais il s’agit d’un authentique champion, tant mieux pour ceux qui lui ont toujours fait confiance et l’ont souvent touché à belle cote ! De son côté, Niky n’est pas simple, il n’est pas livré avec le mode d’emploi ! Franck Nivard qui est un formidable driver en a fait les frais dans le Bourgogne.
Comment abordez-vous ce Prix d’Amérique où vous devriez avoir deux partants ? Pour moi, il s’agit de la dernière chance de remporter cette grande course en tant que propriétaire. Il faut être réaliste, une telle occasion ne se représentera jamais, on ne joue pas aux cartes ! Alors oui, forcément, je vais avoir beaucoup de pression le 25 janvier, beaucoup d’espoirs aussi…
Franck Nivard va driver Meaulnes du Corta, c'est un rebondissement ? Pierre Levesque a choisi de jouer la carte de la fidélité au cheval qui lui a offert deux Prix d'Amérique, on peut difficilement lui en vouloir. Il est évident que le fait d’avoir notre driver-entraîneur au sulky aurait joué un rôle primordial dans le Prix d’Amérique. Meaulnes a, selon moi, besoin de Pierre pour gagner ! Meaulnes, comme la trotteuse, a besoin de son horloger pour être pile à l’heure !
Comment expliquez-vous la colère de Pierre Levesque après le Prix de Bourgogne ?
Pierre estime qu’Offshore Dream, en double vainqueur du Prix d’Amérique, mérite plus de respect et de considération. Certains commentateurs n’ont pas compris que le monde des courses a changé. Le temps où les cracks pouvaient être présents toute l’année sur la scène sportive est révolu. Une autre philosophie a été mise en œuvre pour de jeunes chevaux. Et parce que Pierre Levesque est le meilleur pour travailler un objectif, répondre présent à un rendez-vous, il a axé toute la préparation d’Offshore Dream sur le seul objectif à sa dimension et il a su réussir le doublé, c’est fantastique ! Ceux qui ne considèrent pas Offshore Dream comme un authentique champion remettent en cause le travail de Pierre, sa vision des courses, moderne et avant-gardiste ; à ce titre, sa colère était justifiée.
Serez-vous à Vincennes le 25 janvier pour le Prix d’Amérique ?
Je ne sais pas trop encore. J’ai vraiment pris dur l’an passé. Passer si près d’un rêve et puis tout perdre, c’était épouvantable. Je prendrai ma décision au dernier moment…
Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !La Rédaction - ©2025 Zone-Turf.fr
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