Plat Publié le mercredi 21 juillet 2010 à 12h12

King George VI Stakes : l'excellence anglaise


En France, nous avons l’Arc de Triomphe, course dont le nom prestigieux rayonne dans le monde entier, considéré comme le championnat du monde des purs-sangs. L’Arc de Triomphe est la course à gagner, l’incontournable pour ceux qui veulent définitivement entrer dans la légende et atteindre l'excellence. Mais il n’y a pas que l’Arc dans la vie ! Il y a aussi, of course, les King George VI and Queen Elizabeth Stakes, Groupe I couru sur le mythique et royal hippodrome d’Ascot, à la fin de chaque mois de juillet…

Une longue histoire...

Les King George VI and Queen Elizabeth Stakes sont le résultat de l’alliance de deux courses. Vous l’aurez deviné : à l’origine, il y avait les King George VI Stakes, créés en 1846 en l’honneur du roi du même nom, et se disputant sur 3.200 mètres à Ascot. Deux ans plus tard, en 1848, furent créés les Queen Elizabeth Stakes, qui se disputaient sur 2.400 mètres. Les deux courses furent réunies en 1851 par le directeur de l’hippodrome d’Ascot, qui souhaitait créer une épreuve de prestige ouverte aux chevaux du monde entier, courue sur la distance classique de 2.400 mètres. Les King George VI and Queen Anne Stakes étaient nées, près de 70 ans avant la création du Prix de l’Arc de Triomphe (qui date de 1920).

King George VI and Queen Elizabeth Stakes : L’Arc anglais

Mais, en bons chauvins qu’ils sont, les Français ont surnommé les King George VI and Queen Anne Stakes « l’Arc Anglais » ou encore « l’Arc de l’été »… Dans nos esprits, cette course reste peut-être moins prestigieuse que notre Arc de Triomphe. Pour beaucoup, les King George VI ne sont d’ailleurs que le premier pas vers l’Arc. Un premier pas prestigieux, certes, un échauffement de luxe pendant l'été avant la célèbre course d'automne... La consécration suprême reste une victoire dans l’Arc de Triomphe, couronnement de la fin de saison de galop, et qui signe souvent, pour les vainqueurs, le début d’une retraite bien méritée. Si « l’Arc anglais » est royal, « l’Arc français » est un monument… Toutefois, réduire les King George VI and Queen Elizabeth Stakes à une vulgaire préparatoire est sacrément exagéré. Nos amis anglais en avaleraient leur tasse de thé de travers. La course est en effet la deuxième mieux dotée d’Angleterre (après le Derby d’Epsom), avec plus de 1.000.000 de livres sterling… Ce qui fait quelque peu pâle figure à côté de l’allocation de notre Arc de Triomphe, passée en 2008 à 4 millions d’euros. Que voulez-vous, on n’efface pas d’un coup de baguette magique des siècles de rivalité anglo-françaises, et certainement pas dans le centenaire milieu des courses hippiques… Mais, ce qui compte avant tout, c’est le sport ! Et, sur ce plan là, les deux épreuves se valent largement.

Les meilleures performances

L’édition 1975 des King George VI and Queen Elizabeth Stakes est surnommée la « course du siècle », suite à la magnifique lutte qui a opposé jusqu’au bout Grundy et Bustino. Ce fut Grundy qui remporta la lutte. Deux chevaux seulement réussir à remporter deux fois cette épreuve : Dahlia, en 1973 et 1974, et Swain, en 1997 et 1998. Deux chevaux qui courraient pour la France ! Cocorico ! Lester Piggott est le jockey qui détient le record de l’épreuve, avec sept victoires au compteur : Meadow Court (1965), Aunt Edith (1966), Park Top (1969), Nijinsky (1970), Dahlia (1974), The Minstrel (1977), et Teenoso (1984). Côté entraineurs, la palme revient à Dick Hern (Brigadier Gerard (1972), Troy (1979), Ela-Mana-Mou (1980), Petoski (1985), Nashwan (1989)) à égalité avec Saeed Bin Suroor (Lammtarra (1995), Swain (1997, 1998), Daylami (1999), Doyen (2004)), avec cinq victoires chacun. Enfin, chez les propriétaires, le record revient à Michael Tabord, avec Montjeu (2000), Galileo (2001), Hurricane Run (2006), Dylan Thomas (2007) et Duke of Marmalade (2008). Un record d’autant plus admirable qu’il a été établi en moins de dix ans !

Et les français alors ?

Il faut bien l’avouer : les français ne sont pas les plus performants dans l’Arc Anglais (malgré de beaux résultats), préférant certainement se concentrer sur l’Arc de Triomphe… André Fabre et Christophe Soumillon ont remporté l’épreuve en 2006 avec le champion Hurricane Run (qui a ensuite récidivé dans l’Arc de Triomphe) pour le compte de Michael Tabor. En 2000, c’est l’inoubliable Montjeu qui a remporté l’épreuve, pour l’entrainement de John Hammond. Autrement, il faut remonter à… 1976 pour voir briller les couleurs de Daniel Wildenstein avec Pawneese, monté par Yves Saint-Martin (qui avait déjà remporté l’épreuve en 1962). A signaler la belle performance de Dahlia, qui a signé un beau doublet (1973-1974), pour l’entrainement du légendaire Maurice Zilber. En 1962, Yves Saint-Martin avait remporté l’épreuve en selle sur Match II pour l’entrainement de François Mathet. Un an auparavant, c’était Right Royal qui s’imposait, entrainé par Etienne Pollet et monté par Roger Poincelet. Ce dernier est d’ailleurs double lauréat de l’épreuve, qu’il avait décrochée en 1955 avec Vimy (entrainement Alec Head, couleurs Pierre Wertheimer). Autre chevaux considérés comme français et qui ont brillé dans les King George, même si leur nationalité peut en laisser quelques un perplexes : Swain, Daylami et Doyen, tous entrainés par Saeed Bin Suroor pour l’écurie Godolphin.

Les doublés King George VI and Queen Elizabeth Stakes – Arc de Triomphe

Finalement bien peu de doublés Arc de Triomphe – King George VI and Queen Elizabeth Stakes : - Dylan Thomas (2007) - Hurricane Run (2006) - Lammtara (1995) - Dancing Brave (1986) - Ballymoss (1958) - Ribot (a remporté deux fois l’Arc de Triomphe en 1955 et 1956, et a réussi le doublé avec les King George en 1956) A noter le doublé « décalé » de Montjeu, qui a remporté l’Arc de Triomphe en 1999 et les King George en 2000.

L’édition 2010 : Workforce, Cape Blanco, Harbinger, Youmzain, ou Daryakana ?

L’édition 2010 s’annonce très intéressante, même si on regrettera le faible nombre de partants... Workforce, qui a impressionné dans le Derby d’Epsom, est considéré comme le grand favori. Mais attention ! Aidan O’Brien présente Cape Blanco, qui a déjà battu Workforce dans les Dante Stakes. A suivre donc ce match entre le vainqueur du Derby Anglais et le vainqueur du Derby irlandais. At First Sight sera l’autre représentant de l’entraineur irlandais, mais a déjà été battu par Worforce (dans le Derby d’Epsom). Harbinger fait son premier essai au niveau Groupe I, mais reste sur trois victoires (consécutives) très faciles dans des Groupe II et III. Youmzain, l’éternel placé, possède un cœur plus gros que lui et peut encore une fois bien figurer. Très bon deuxième du Grand Prix de Saint Cloud 2010, il s’est placé trois deuxième du Prix de l’Arc de Triomphe et a été deux fois placé dans les King George VI and Queen Elizabeth Stakes. Il mériterait bien une victoire. Mais les français tourneront les yeux vers Daryakana, même si la mission s’annonce difficile pour la championne Aga Khan entrainée par Alain de Royer-Dupré. N’oubliez pas : le samedi 24 juillet 2010, sortez vos hauts-de-forme et vos chapeaux ! Préparez-vous à saluer la reine comme il se doit, et appréciez l’élégance sportive à l’anglaise pour l’une des plus belles courses du monde. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !