Plat Publié le vendredi 10 avril 2009 à 08h30

La cravache : l'épée de Damoclès des pilotes


La cravache est un outil devenu habituel dans le monde du turf. Il fait partie de la panoplie du pilote depuis la création des courses hippiques et plus personne n'y prend garde. Pourtant, son usage est réglementé, ce qui suscite régulièrement la polémique. Récemment, Christophe Soumillon, Anthony Crastus et Stéphane Pasquier ont été sanctionnés. Difficile de trouver un équilibre entre respect du cheval et défense des turfistes, des entraîneurs et des propriétaires ! Un éclairage s'impose...

Elle est en or quand elle récompense les meilleurs cavaliers en plat et en obstacle. Quand elle est utilisée abusivement, elle entraîne des sanctions. La cravache n'est plus un objet anodin pour les pilotes. Son usage est codifié, réglementé et les contrevenants sont punis ! La loi n'est toutefois pas d'une totale clarté et peut engendrer des interprétations de la part des commissaires. Qu'en est-il précisément ?

Une réglementation stricte

Le nombre de coups de cravache autorisé est limité pour les pilotes. Une volonté évidente de protéger les chevaux, mais curieusement, ce nombre varie d'une discipline à l'autre. Au trot, il est de 7 maximum. Au galop, le plafond admis est de 12 coups, avec une restriction à 8 en plat pour les 2 ans. La taille de la cravache est également soumise à un règlement ! Sa longueur ne doit pas dépasser 68 centimètres au galop et 1,40 mètre au trot.

Le dilemme des jockeys

Les pilotes doivent donc faire attention quand ils se servent de leur cravache. Ils peuvent encourir une amende ou une suspension. Mais comment concilier code des courses et intérêts conjugués des parieurs et des propriétaires ? L'ambition personnelle des pilotes est même parfois en jeu. Pour être sacré Cravache d'or, tous les moyens peuvent être bons. Et parfois, une poussée énergique des bras ne suffit pas à faire gagner son partenaire. Le talent et la stratégie sont également vains quand un cheval est dans un jour sans, ou possède moins de qualité que ses rivaux.

Le spectre de la crise ?

Récemment les comptes rendus de plusieurs réunions de galop ont été surprenants. Par exemple, le nombre de jockeys sanctionnés à Auteuil le 7 avril a été assez important. Jacques Ricou, Steven Colas, Nathalie Desoutter, Ludovic Solignac, Christophe Herpin, Frédéric Daviault et Guillaume Javoy ont tous écopé d'une amende, entre 100 et 200 euros ! Et que dire de Christophe Soumillon ? Son début d'année est déjà marqué par deux suspensions, soit 12 jours de mise en pied au total ! Les propriétaires et les entraîneurs seraient plus exigeants envers les pilotes ? La crise économique et l'avenir incertain pourrait renforcer l'obligation de résultat. Un constat est en tout cas réel : les jockeys punis sont souvent les plus chevronnés. Christophe Soumillon est souvent pris la main dans le sac et il a remporté trois Cravaches d'or (2003, 2005 et 2006) dans sa carrière. L'ascension vers les sommets semble associée à l'usage de la cravache.

Quelles orientations à l'avenir ?

Les jockeys ont une lourde responsabilité sur les épaules quand ils usent de leur cravache. Non seulement ils sont garants du bon traitement du cheval, mais leur comportement a aussi des conséquences sur leurs rivaux. Lors de l'emballage final, quand la lutte fait rage, les coups de cravache peuvent atteindre aussi les petits voisins. Beaucoup se souviennent aussi de l'infortuné Potin d'Amour dans le Prix d'Amérique 1990. Le trotteur avait pris peur de la cravache de Michel Gougeon au sulky d'Ourasi et s'était mis au galop sur le poteau. Une belle deuxième place s'était envolée. Alors faudrait-il interdire la cravache ? Cela permettrait à tous les pilotes, et par contrecoup les chevaux, d'être sur le même pied d'égalité. Les polémiques seraient évitées. Et puis Zarkava n'a-t-elle pas triomphé dans le Prix de l'Arc de Triomphe sans un coup de cravache ? Le débat est lancé... Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !