Plat Publié le mardi 28 septembre 2010 à 11h52

L’Arc de Triomphe ou la quête du Graal japonaise


Lorsqu’en 2005, Olivier Peslier donnait son sentiment au magazine Of Course au sujet des hippodromes japonais, le crack-jockey français, star adulé au pays du Soleil Levant, estimait que « Longchamp au Japon, c’est l’équivalent d’un champ de course de province pour le public. » Depuis plus de dix ans maintenant, le turf japonais rêve de faire sien le Prix de l’Arc de Triomphe dans lequel il aura pour la première fois deux représentants, avec Nakayama Festa et Victoire Pisa. Dimanche 3 octobre 2010, des millions d’yeux japonais seront de nouveau tournés vers la mythique piste parisienne. Zone Turf revient pour ses lecteurs sur les différentes tentatives japonaises dans cette épreuve de prestige.

El Condor Pasa échoue à une demi-longueur de Montjeu

Les triomphes japonais lors du meeting estival deauvillais de 1998, Seeking The Pearl dans le Prix Maurice de Gheest (G.I) et Thaiki Shuttle dans le Prix Jacques Le Marois (G.I), donnent des idées à l’entourage d’El Condor Pasa, alors redoutable dans son année de 3 ans au Japon. Arrivé en France dès le printemps 1999 afin de préparer le championnat du monde des pur-sang, ce fils de Kingmambo s’adjuge le Grand Prix de Saint-Cloud, et surtout le Prix Foy, quelques semaines avant le grand jour. « Interdit aux cardiaques », tel est alors le slogan publicitaire de France Galop, censé rameuté le public le premier dimanche d’octobre 1999. Cette année-là, tout un peuple retient son souffle alors qu’El Condor Pasa et le jockey Masayochi Ebina prennent le train à leur compte dans l’épreuve reine. Une fois dans la ligne droite de Longchamp, ils se détachent alors que leur grand adversaire du jour, Montjeu, reste empêtré au sein du peloton. Mais ce dernier parvient enfin à s’extirper, refait son retard, puis engage une vive lutte avec son adversaire venu d’Orient et fini par l’emporter. À l’arrivée, une demi-longueur anéantit la première tentative japonaise dans le Prix de l’Arc de Triomphe. La perle de Takashi Watanabe ne sera plus revue en course. Dès lors, le turf nippon patientera sept longues années avant d’à nouveau rêver remporter ce qui conférerait définitivement la marque des plus grands à leur « activité ». Manhattan Cafe dispute l’Arc de Marienbard en 2002, mais c’est pour en terminer 13ème sur 16 candidats. De même, l’entourage de Tap Dance City tente sa chance deux ans plus tard, en 2004. Mais alors âgé de 7 ans, ce dernier termine 17ème à plus de 17 longueurs du lauréat Bago…

Le rendez-vous manqué de Deep Impact

L’année suivante, le pays du soleil levant découvre cependant l'apparition d’un phénomène comme le turf en produit rarement. Celui-ci a pour nom Deep Impact, fils de Sunday Silence, légende des courses américaines devenu « maître étalon » au Japon. Associé au crack jockey Yutaka Take, rien ne lui résiste sur son île natale. Avant sa tentative française, il affiche dix victoires en onze sorties dont cinq victoires de Groupe I… Tout l’Archipel pense posséder le cheval qui battra les Européens sur leur terre et lui apportera gloire et reconnaissance internationales. L’année de ses 4 ans, Deep Impact est donc envoyé sur le Vieux Continent en vue de faire mieux qu’El Condor Pasa en 1999. Plus de 5000 Japonais sont présents dans les gradins de Longchamp pour soutenir le grand favori de l’épreuve. Associé à Yutaka Take, l’élève de Yasutoshi Ikee tire quelque peu durant le parcours, puis prend la tête peu après l’entrée de la longue ligne droite de Longchamp. Plane alors le souvenir d’El Condor Pasa, mais Deep Impact est d’une autre classe. Le cheval se bat avec acharnement mais les attaques fusent. Rail Link et Pride prennent le meilleur. Rail Link l’emporte dans un temps canon devant Pride. Deep Impact termine 3ème à une demi-longueur de la jument. Tout un peuple pleure. Chacun connaît la suite : un contrôle antidopage positif, un distancement de la 3ème à la dernière place. Tandis que les Européens remportent régulièrement la Japan Cup. Il règne comme un parfum de malédiction sur les Nippons.

Nakayama Festa : moins de strass mais de la qualité

En 2008, la performance de Meisho Samson dans l’Arc de Zarkava (10ème sur 16) est tout aussi anecdotique que celles de certains de ses prédécesseurs. Mais à quelques jours du départ de l’édition 2010 du Prix de l’Arc de Triomphe, les Japonais possèdent de nouveau des éléments qui leur permettent d’espérer. Arrivés dès le mois d’août de leur Japon natal, Nakayama Festa et Victoire Pisa ont appris à s’acclimater au climat français. Mieux, le premier cité a bien failli créer la surprise dans le dernier Prix Foy de Duncan, tandis que Victoire Pisa a plus modestement terminé 4ème du Prix Niel de Behkabad. Disposant chacun de titres respectables dans leur pays d’origine, le turf nippon possède peut-être avec ces deux pur-sang des athlètes capables de leur faire atteindre la plénitude hippique. Dimanche 3 octobre 2010, des millions d’yeux asiatiques seront rivés à l’endroit de ces deux concurrents. Le turf japonais a depuis longtemps acquis la respectabilité sur la scène internationale, mais l’absence du Prix de l’Arc de Triomphe à son palmarès blesse sa dignité tant cette épreuve de prestige est riche de signification pour lui. Il existe un début à toute chose, et arrivera bien le jour où un concurrent japonais fera sien le Prix de l’Arc de Triomphe. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !