Plat Publié le mardi 21 avril 2009 à 09h45

Mathieu Androuin : Une histoire à part


Mathieu Androuin est un vrai passionné. Tellement passionné qu'il cumule plat et obstacle avec brio. Pas si fréquent dans les courses hippiques ! A 25 ans, le jockey de l'Ouest a déjà une riche carrière derrière lui, un chemin aux multiples détours et parsemés d'embûches. L'Angevin nous parle de son métier, de ses expériences et surtout de sa vocation.

Un doublé en steeple-chase le 15 mars à Saint-Brieuc avec Kap Dream et Nanonito, autre coup double le 18 avril à Cholet, grâce à Airwoman en plat et Otlif de Toulifaut en haies : Mathieu Androuin alterne les deux disciplines du galop avec bonheur. Un éclectisme assez rare dans le monde du turf. Otlif de Toulifaut lui a permis de signer sa sixième victoire en obstacle. Le pilote est devenu une figure emblématique de l'ouest de la France. Nous sommes allés à la rencontre d'un professionnel déjà très expérimenté malgré son jeune âge. Mathieu, pouvez-vous nous raconter votre venue dans le monde hippique ? Mon père était jockey de trot, il pilotait au monté et à l'attelé chez Roland Dabouis. J'ai donc été bercé dans le milieu des courses et nous allions régulièrement à l'hippodrome en famille dans la région d'Angers, ma ville natale. J'ai voulu devenir jockey très tôt, dès l'âge de 5 ans, mais je préférais le galop. Quelle voie avez-vous suivie pour réaliser votre rêve ? J'ai suivi un chemin classique : l'école du Moulin-à-Vent de Chantilly puis j'ai débuté mon apprentissage chez Jehan Bertran de Balanda à 14 ans. C'est là que j'ai commencé à monter en obstacle. La compétition a démarré à 16 ans, je montais à 48 kilos, j'étais super léger ! En 2000, j'ai totalisé 12 victoires. J'ai reçu l'Etrier d'or, le titre de meilleur apprenti. Vous avez arrêté ensuite de piloter en obstacle ? Oui, c'est à cause d'une chute spectaculaire à Lyon-Villeurbanne. Jehan Bertran de Balanda a eu très peur pour moi et n'a plus voulu que je monte en obstacle.

Henri-Alex Pantall a lancé sa carrière

C'est là que vous avez rejoint l'équipe d'Henri-Alex Pantall ? Il y a d'abord eu une petite période creuse, une absence à cause de la chute, puis les gens vous oublient aussi. Monsieur de Balanda m'a conseillé de faire le meeting d'hiver à Cagnes-sur-Mer pour Henri-Alex Pantall. Cela s'est bien passé puisque j'ai dû enlevé sept ou huit courses. Ensuite, Monsieur Pantall m'a embauché. Ma carrière a pris alors une autre dimension. En 2003, ma meilleure année, j'ai accumulé 59 succès et j'ai obtenu la Cravache d'or de l'Ouest. J'ai été associé à Touch of Land, nous avions été battu d'un nez dans le Groupe II Prix Hocquart. J'ai aussi gagné mon premier Quinté cette saison-là, avec Singing Blues, le jour de mes 19 ans ! L'obstacle ne vous manquait pas trop ? Si et justement, en 2007 j'ai quitté l'équipe d'Henri-Alex Pantall. Il y avait aussi un peu de mésentente entre nous et j'avais reçu une proposition de Joël Boisnard. J'ai donc rejoint celui qui est toujours mon patron aujourd'hui. J'en ai profité pour franchir à nouveau des obstacles le matin. Actuellement, je monte en obstacle à la demande, dans l'Ouest. Dans la région, mon ami Adrien Fouassier a le même profil que moi, il gagne aussi bien en plat qu'en obstacle.

"Des sensations très différentes entre le plat et l'obstacle"

Avez-vous une préférence entre les deux disciplines ? Non, pas vraiment. J'adore les deux. Le plat et l'obstacle procurent des sensations tellement différentes qu'il est difficile de les comparer. En obstacle, vous pouvez briller avec un cheval courageux mais de qualité plus modeste. La tactique est beaucoup plus primordiale en plat, de même que la valeur de votre partenaire. S'il n'a pas de gaz, c'est cuit ! Les risques sont évidemment plus grands en obstacle mais les accidents arrivent aussi en plat. Je ne me pose pas trop de questions quant à ces dangers, sinon le plaisir et la passion passeraient au second plan. D'ailleurs Monsieur Boisnard n'est jamais très content quand je monte en haies ou en steeple-chase ! Quel est le fer de lance de l'écure de Joël Boisnard ? Sokar bien sûr ! Il m'a fait très plaisir l'an dernier. J'ai remporté avec lui deux Listeds. Il a fini deuxième à ce niveau pour sa rentrée, en mars, et devrait nous apporter beaucoup d'autres satisfactions. Jusqu'à présent quel a été votre plus beau souvenir en compétition ? C'est difficile de parler d'un seul moment en particulier. Toutes les victoires sont importantes à mes yeux. Je peux citer Touch of Land dans le Prix Hocquart, ou Danse Française. J'ai gagné une course C en selle sur cette pensionnaire d'Henri-Alex Pantall, une victoire qui m'a permis de perdre de ma décharge et de passer professionnel. C'était en mars 2003. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !