Obstacle 2009 : La piste d'Auteuil en question

Déclaration choc de Paul Nicholls dans la presse anglaise ! Le célèbre entraîneur britannique s'est dit "horrifié" par la piste d'Auteuil. Exagération ? Réalité ? Verdict sans appel : ses champions Denman et Big Buck's ne disputeront pas les grands tournois de la Butte Mortemart. Une petite explication s'impose...

Les chevaux tombés ou arrêtés sont très nombreux en ce début de saison à Auteuil. La piste est hachée et les concurrents ont souvent du mal à terminer leur parcours et à sauter parfaitement tous les obstacles. Lors de la réunion du dimanche 8 mars par exemple, 56 protagonistes ont chuté ou ont été arrêtés, en seulement 7 épreuves ! Quelques jours plus tard, le top-entraîneur britannique Paul Nicholls venait inspecter la piste de la Butte Mortemart. Un tour de piste qui devait décider de la participation de ses élèves Denman et Big Buck's au Grand Steeple-Chase de Paris (pour le premier), et à la Grande Course de Haies d'Auteuil (pour le second).

Le public français privé des cracks anglais

Le jugement a été sans appel. Paul Nicholls s'est dit "horrifié" dans les médias britanniques. Denman et Big Buck's ne viendront donc pas à Auteuil. Selon leur entraîneur, le gazon était "découpé en morceaux". En y regardant de plus près, il est vrai que les visiteurs viennent rarement défier nos sauteurs à Paris. Et encore moins dans les épreuves de Groupe. Le Week-End International de l'obstacle a d'ailleurs du mal à attirer les cracks étrangers. Créée en 2005, cette manifestation regroupe une pluie de Groupes en deux jours, chaque année en novembre. Malheureusement, les meilleurs sauteurs français ne s'affrontent qu'entre eux, le côté international est encore balbutiant.

Mise au point d'un dirigeant d'Auteuil

Guy-Hubert de la Rochethulon, chef d'établissement de l'hippodrome, avoue : "L'état de la piste d'Auteuil s'explique facilement. Nous avons connu des conditions climatiques assez extrêmes, entre une fin d'automne très humide et un hiver long et rigoureux. Conséquence : le gazon n'est pas encore reparti. La douceur printanière est absente pour l'instant, ce qui empêche l'herbe de repousser. Pourtant, le personnel de l'hippodrome ne ménage pas ses efforts pour réparer le sol après chaque réunion. Tous les trous sont rebouchés, spécialement aux endroits les plus abîmés. Cette situation est toutefois provisoire, le terrain va s'améliorer rapidement et sera parfait pour les plus grandes échéances." A la question d'une éventuelle solution pour qu'Auteuil ne soit plus boycotté, Guy-Hubert de la Rochethulon répond : "C'est un problème climatique, il n'y a malheureusement pas grand-chose à faire. En plus, la piste est très sollicitée tout au long de l'année. Plus de quarante réunions y sont organisées, cela complique la tâche."

Une culture "obstacle" à développer dans l'Hexagone

Le Royaume-Uni possède une plus grande tradition d'obstacle que la France. Nos compétitions ont logiquement du mal à attirer les anglais, qui peuvent mieux s'exprimer sur leurs champs de courses. Seuls Auteuil et Enghien organisent des tournois de haut niveau pour les sauteurs. Outre-Manche, Cheltenham, Aintree, Ascot, Leopardstown (en Irlande), Newbury et Kempton, pour ne citer que les plus célèbres, proposent des épreuves de premier plan. De nombreux hippodromes d'obstacle se relaient tout au long de l'année en Angleterre. Il y en a beaucoup moins en France, et les terrains sont donc plus utilisés. Même les chevaux élevés dans l'Hexagone sont fréquemment achetés et partent faire carrière outre-Manche. Pourtant, le public était dense à Auteuil pour les premiers rendez-vous des Dimanches au Galop. La preuve que le magnifique spectacle des courses d'obstacle peut susciter un grand intérêt populaire. La discipline mériterait un traitement différent de la part des dirigeants hippiques. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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