Prix de l'Arc de Triomphe : Jour de business

Le Qatar Prix de l'Arc de Triomphe est la course sur gazon la plus richement dotée du monde avec 4 millions € d'allocation. Mais cette somme, que vont se partager l'entourage des cinq premiers chevaux à l'arrivée, n'est rien en regard des sommes générées autour de la course : paris, loges VIP, tourisme, droits télévisés... Nombreux sont les secteurs à profiter de l'évènement. Petit tour dans les coulisses du business de l'Arc.

L'Arc, jour des turfistes

La journée de l'Arc de Triomphe est d'abord une date très importante pour les opérateurs de paris. Avec 30,6 M € d'enjeux pour la seule journée du dimanche en 2008 (48,5 M € pour le week-end), le PMU enregistre en effet ce jour-là un de ses chiffres d'affaires les plus importants de l'année. Seule la journée du Prix d'Amérique (avec 34 M € en 2008) fait mieux. La réunion de l'Arc est de loin la plus attendue de l'année par les parieurs en Plat : la somme des mises déposées est plus de deux fois plus élevée que le montant joué sur n'importe quelle autre réunion de Galop de l'année ! Les turfistes sont par ailleurs très fidèles au grand rendez-vous automnal, quel que soit l'intérêt sportif de l'épreuve. Le montant des enjeux est en effet relativement stable depuis une dizaine d'années (avec un record de 37,8 M € en 2005). Sans surprise, l'Arc est aussi la course la plus suivie de l'année par les parieurs étrangers (environ 4 M € joués chaque année depuis une cinquantaine de pays). Aux enjeux PMU, il faut évidemment rajouter les enjeux PMH, engagés directement sur l'hippodrome. Ils s'élèvent à 2,5 M € pour 2008 (3,5 M € pour le week-end). Ce montant dépend plus directement du plateau réuni pour l'Arc. Quand les Anglais se déplacent en nombre, le montant des paris est généralement à la hausse. Ce sont pourtant les Japonais qui ont (en partie) établi le record : ayant fait le voyage pour soutenir Deep Impact en 2006, ils ont largement contribué aux 2,6 M € joués sur le seul Prix de l'Arc de Triomphe ce jour-là. La course conserve un pouvoir d'attraction intact auprès du public étranger qui représente près de 40% des 45 000 spectateurs qui viennent, en moyenne, assister chaque année à la course. C'est par exemple, après les 24 Heures du Mans, l'évènement qui attire le plus de Britanniques en France. A Paris ce week-end, on aura du mal àtrouver une chambre d'hôtel. Cette très belle affluence - pour des courses françaises qui ont du mal à remplir les hippodromes le reste de l'année - doit donc beaucoup au rayonnement international de l'Arc. Reste cependant qu'il est difficile de faire la distinction entre les spectateurs payants et les nombreux invités.

L'Arc, jour de relations publiques

Par son prestige, le Prix de l'Arc de Triomphe est évidemment l'atout majeur des courses françaises pour attirer le monde économique. C'est ce que confirme Anatole Vincent de Quaterback, l'agence de relations publiques à laquelle France Galop a concédé la commercialisation du Village d'Honneur depuis neuf ans : "Même si nous proposons aussi des prestations lors du Prix de Diane, du Prix du Jockey Club et du Prix d'Amérique, c'est sans commune mesure avec le Prix de l'Arc de Triomphe. Nous croyons beaucoup en son potentiel en terme de relations publiques : grâce à son côté ludique, il y a plus d'échanges qu'à Roland-Garros" Si ces espaces privatifs aux services très haut-de-gamme accueillent quelques particuliers passionnés de courses, c'est évidemment les entreprises qui sont visées en priorité. Le monde de la finance, qui a été le premier à investir le village de l'Arc, devrait être moins présent cette année. "L'impact de la crise se fait sentir. Les Anglais, qui représentent 40% de notre clientèle habituelle, seront aussi moins nombreux en raison de la chute de la Livre sterling" poursuit Anatole Vincent. Plus qu'une simple manne financière, cet espace VIP sert aussi à associer le monde des affaires à un monde des courses régulièrement à la recherche de nouveaux sponsors.

L'Arc, jour des médias

Le Prix de l'Arc de Triomphe est, de loin, la course française qui intéresse le plus les médias. Selon France Galop, près de 800 journalistes auraient été accrédités en 2008 et travaillaient pour le compte de médias de 26 pays différents (parmi lesquels l'Ile Maurice ou le Sénégal). La reprise des images par les grands réseaux de télévison que sont NHK et Kansai TV (pour le Japon), Dubaï TV (pour le Moyen-Orient), NTV Plus (pour la Russie) ou la RAI (pour l'Italie) assure une très large couverture de l'évènement. Au total, les téléspectateurs de plus de 200 pays pourront voir des images de la course. Sans surprise, c'est au Royaume-Uni que la course connaît la plus large audience. Dominic Coles, qui a acheté les droits de la course pour la BBC, classe l'Arc parmi " les joyaux de la couronne des courses aux côtés du Grand National, du Derby d'Epsom et de Royal Ascot". Une mini-polémique a pourtant éclaté cette année suite à la décision de la BBC de reléguer les courses du samedi et une très grande partie de celles du dimanche (sauf l'Arc et l'Opéra) sur un service interactif accessible uniquement via les offres numériques. Une première qui a ému de nombreux téléspectateurs britanniques, habitués à regarder le week-end de l'Arc sur une grande chaîne nationale. Chez IMG, la grand agence de marketing sportif chargée de vendre les droits de l'Arc aux télévisions étrangères, on préfère rester discret sur les chiffres qui sont "en rien comparables avec ceux d'un évènement comme Roland Garros." Car, nous laisse-t-on entendre, c'est avant tout la liste des engagés qui fait la valeur de l'Arc pour un diffuseur. Nul doute qu'au Japon, l'édition 2006 avec Deep Impact - dont la course, diffusée après minuit, avait été suivi par des millions de téléspectateurs - a coûté bien plus cher aux télévisions que celle de cette année, où aucun concurrent japonais n'est au départ. Comme dans tous les autres sports, dans le Prix de l'Arc de Triomphe, il faut avoir une chance de gagner pour exister aux yeux des télévisions. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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