Prix Morny : une épreuve ouverte

Au sein du calendrier des 2 ans, le Prix Morny est une échéance à partir de laquelle les affrontements deviennent plus que sérieux. Non pas que le Prix Robert Papin (G.II), un mois plus tôt à Maisons-Laffitte, ne révèle pas de chevaux de qualité, bien au contraire. Mais le Prix Morny, qui rend hommage à un personnage incontournable des origines du turf français, est une épreuve prestigieuse qui mène vers les grandes épreuves de Groupe de l’automne. Cette année encore, le Prix Morny (Groupe I, 1200 mètres) sera l’occasion d’un duel France-Angleterre, tant les Britanniques tiennent à la chasse gardée qu’ils imposent à cette épreuve depuis de nombreuses années.

La ligne du Robert Papin et le signe indien de l'Aga Khan dans le Prix Morny

Le peloton de ce Prix Morny version 2010 est fourni puisque 11 concurrents se présenteront au départ. Cela préjuge-t-il de la qualité du lot ? Pas forcément. La ligne du Prix Robert Papin (Groupe II, 1100 mètres, Maisons-Laffitte) est représentée avec Irish Field, Tin Horse et Broox. Irish Field l’avait alors emporté sur ces deux autres poulains, dans un style qui ne laissait pas de doute sur sa qualité. Lors de sa précédente sortie dans le Prix du Bois (G.III), ce fils de Dubawi ne s’était incliné que sur un rush final de Keratiya, qu’il retrouvera dimanche prochain. L’entourage du poulain a changé depuis cette dernière performance, et il aborde ce Groupe I avec humilité, mais nul doute qu'Irish Field ne s’en laissera pas compter. Le jour de ce Prix Robert Papin, Broox a semblé court tandis que Tin Horse, un des deux engagés de Didier Guillemin, n’a pas eu une course facile. Mais cette semaine, la victoire d’Approve (3eme du Robert Papin) dans les Gimcrack Stakes (G.II) de York, semble prouver que la ligne que nous évoquons a de la valeur. La représentante de l’Aga Khan Keratiya est une pensionnaire de Jean-Claude Rouget, redoutable à Deauville. Dans le Prix du Bois du 4 juillet, elle avait donc fini en trombe pour l’emporter. Au-delà de ses belles performances, la pouliche dispose d’un pedigree en or. Sœur du très bon sprinter Kermiyan, ses parents (Iron Mask/Kerasha) possédaient aussi de la vitesse. Et puis la célèbre casaque ne l’a plus emporté dans le Prix Morny depuis… 1976 avec Blushing Groom. Alors, et si c’était son année ?

Pontenuovo et les Britanniques

Avec Pontenuovo, l’entraîneur deauvillais Yves de Nicolay sait de quoi il parle. Le tandem a déjà marqué de son empreinte le meeting estival de Deauville. La pouliche a laissé une impression sensationnelle à l’arrivé du Prix de Cabourg (G.III), démarrant aux 400 mètres en déposant Khawatim et Captain Chop. Seule la bonne Helleborine l’a devancée lors de sa précédente sortie. Tout ce que souhaite l’entourage de Pontenuovo est qu’elle fasse aussi bien que sa maman, Porlezza, vainqueur de Listed l’année de ses 2 ans et lauréate du Prix Maurice de Gheest en 2003. Mais comme chaque année, les Anglais ne feront pas le voyage pour rien, et ils ne seront pas moins de cinq au départ. Libranno s'annonce comme le candidat le plus sérieux. Entraîné par le redoutable Richard Hannon dont l'écurie aligne les succès de prestige, ce fils de Librettist est invaincu en trois sorties. Ses deux dernières victoires l'ont été dans des Groupe II. Dernièrement dans les Richmond Stakes, il gagnait de bout en bout sur le délicat tracé de Goodwood, tandis que précédemment, dans les July Stakes de Newmarket, il le faisait presque aussi plaisamment. Pour l'occasion, le poulain retrouve Richard Hugues, qui vit actuellement une second jeunesse. Parmi les autres candidats britanniques, David Simcock présente Dream Ahead qui reste sur une victoire de neuf longueurs à Nottingham, mais le temps réalisé et le lot restent sujet à caution. Al Aasifh représentera l’écurie Godolphin mais sa tâche s’annonce ardue, lui qui a récemment été battu par Approve. Quant à Soraaya, la pouliche de M. Channon, elle pourrait peut-être venir brouiller les cartes, elle qui a récemment participé à de rudes batailles dans des courses de Groupe pour jeunes chevaux. N'a-t-elle pas remporté un Groupe III à Ascot le 24 juillet. Mais quel que soit le résultat de cette épreuve de prestige, il y a peu de chance que l'on ne revoit pas certains de ses participants dans les grandes épreuves automnales, comme le Prix Jean-Luc Lagardère, le Prix Marcel Boussac ou même les nombreux Groupe I anglais et irlandais pour 2 ans. Il est même possible que les spectateurs deauvillais présents dimanche assistent à la naissance d'un crack. Divine Proportions ou Johannesburg ont déjà prouvé que le Prix Morny laissaient peu de place au manque de classe. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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