Plat Publié le lundi 14 septembre 2009 à 10h45

Prix Vermeille 2009 : Dar Re Mi a-t-elle été volée ?


Dar re Mi a fait tomber l’invaincue Stacelita sur la piste, mais a été abattue à son retour au rond. La meilleure pouliche du Qatar Prix Vermeille s’est fait destituer de son titre après une décision des commissaires qui fait débat. A-t-on trouvé les limites du code des courses françaises ? Cette décision est elle justifiée ? Dar Re Mi a-t-elle été volée ? Analyse.

Stupeur à Longchamp lorsque la sirène retentit quelques courtes minutes après la victoire de Dar Re Mi dans le Qatar Prix Vermeille. Pas même le temps pour son entourage de savourer une troisième victoire de suite au niveau Groupe I. Les minutes sont très longues pour le clan de John Gosden jusqu’au verdict final. La rétrogadation. Que les courses peuvent être difficiles à vivre lorsque l’on passe de la joie immense de succéder à Zarkava, à celle de la destitution. Stacelita, lauréate sur tapis vert a dû quant à elle essuyer les sifflets de la honte envoyés par les spectateurs mécontents. Un moment rare et pénible qui restera encré dans l'histoire des courses.

Défaite sur tapis vert

Car sur le terrain, Dar Re Mi était bien la meilleure le dimanche 13 septembre. Elle a même sorti le grand jeu pour revenir à bout de la rentrante et toujours invaincue Stacelita, la dominant seulement d’une courte encolure, au prix d’un remarquable effort final. Derrière, Plumania, Board Meeting et Soberania se tenaient dans un mouchoir de poche pour se partager les accessits. C’est de cette dernière qu’est provenu l’esclandre. Placée dans le dos de Dar Re Mi, elle va plonger à son intérieur à 300 mètres du but, moment même où la double lauréate de Groupe I est contrainte de changer de ligne pour défendre pleinement ses chances. Le contact est inévitable, l’allemande Soberania est gênée par l’anglaise Dar Re Mi. Pourtant, la pouliche d’Andreas Wöhler ne baisse pas de pied et poursuivra son effort jusqu’à la fin. C’est justement sur ce jugement que les commissaires ont décidé d’appliquer à la lettre le code des courses. Henri Pouret, Directeur du Code à France Galop a fait face à l’incompréhension du clan anglais. Pourtant, l'homme maintient sa position et affirme clairement"Lorsqu’un concurrent en gêne un autre et l’empêche d’obtenir une allocation ou une meilleure allocation, les commissaires déclassent le gêneur derrière le gêné. Le jockey de ce dernier doit par ailleurs continuer de solliciter sa monture pour montrer qu’il pouvait progresser."

Le cas Dylan Thomas

Mais lorsque l’on se souvient du Prix de l'Arc de Triomphe 2007 gagné par Dylan Thomas venu du milieu de la piste pour se retrouver calé contre les fusains,écrasant au passage Zambezi Sun puis Soldier Of Fortune, le doute est de rigueur. Ce jour-là, pour l’ensemble du Turf, la victoire de l’irlandais, bien qu’indiscutable sur le plan sportif, le meilleur franchissant le poteau en premier, posait d'inévitables questions dans l’esprit des passionnés quant à la régularité de l’exploit. Les commissaires n’en firent rien. Qu’en était-il à cette époque, qui n’était pas si lointaine. Les commissaires s’étaient-ils laisser aller à leur libre interprétation du code ? Jugeant en premier la performance sportive plutôt que sa justesse ? Force est de constater que ce jour là, ni Zambezi Sun, ni Soldier Of Fortune n’aurait pu contester la supériorité du lauréat mais les questions persistent quant à leurs capacités à obtenir un meilleur classement. Cinquième, Soldier Of Fortune avait été contraint de se relancer, perdant quelques précieux mètres, qui auraient pu laisser le doute dans l’esprit des commissaires. Le fils de Galileo concluait son parcours à une demi-longueur de Getaway et une de Sagara. Litigieux, non ? Pourtant rien n'avait bougé et Dylan Thomas avait pu rentrer chez lui l'Arc en poche...

Les limites du code

En matière de doute et paradoxalement au code civil, le code des courses soutient l’accusation. Le premier dimanche d’octobre 2007, le dernier gêné n’a pas été soutenu, les deux chevaux faisaient écurie, le scandale aurait probablement été encore plus important. Le 13 septembre 2009, le gêné a été soutenu, le scandale semble donc immense. D'ailleurs dans les travées de Longchamp, la décision prise n'a pas été comprise. Pis encore, elle a été critiquée. L'entourage de la lésée a décidé de faire appel. Logique. Mais aucun juge n'ira à l'encontre de ce premier jugement. Une chose est certaine, l’application stricto sensu du code fait débats. A l'avenir, que vont faire les commissaires dans pareille situation. La jurisprudence est désormais bancale et la ligne de conduite plus si rectiligne... La meilleure pouliche du Qatar Prix Vermeille n’a pas été sacrée. Le code a été appliqué à la lettre. Tant mieux pour Stacelita, tant pis pour l'esprit du sport. En tout cas, nous, on le regrette ! Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !