Plat Publié le lundi 4 août 2008 à 16h37

Profession, dentiste équin


On connaît le vétérinaire mais connaissez-vous le dentiste pour chevaux? Praticien indispensable au bien être du cheval, ils sont plus de 500 à exercer cette profession. Zone Turf vous présente ce métier ancien dont la pratique est souvent très spectaculaire.

On connaît le vétérinaire mais connaissez-vous le dentiste pour chevaux? Praticien indispensable au bien être du cheval, ils sont plus de 500 à exercer cette profession. Zone Turf vous présente ce métier ancien dont la pratique est souvent très spectaculaire. Daviers, élévateurs, râpes motorisées ou manuelles, pas d’âne ou écarteur buccal. Tous ces instruments ne vous disent peut être rien. Pourtant, ils constituent l’arsenal du vétérinaire dentiste équin. Des ustensiles en adéquation avec la taille du cheval, ce qui en fait un matériel impressionnant. A l’aide de ces instruments divers : le praticien réalise des examens buccaux complets indispensables à la bonne santé des équidés en général et plus spécialement du cheval de course. Car en effet, les soins dentaires doivent être réalisés fréquemment. Entraîneurs ou éleveurs font donc régulièrement appel au praticien. « Les paramètres tels que l’âge, la discipline sportive, l’activité et l’alimentation permettront de définir la fréquence des contrôles. Mais de manière synthétique, les examens dentaires peuvent être classés en trois grandes périodes. Lorsqu’il s’agit d’un jeune cheval, c’est à dire de un à cinq ans, les examens dentaires sont essentiels, surtout dans le cadre de disciplines sportives exigeantes au niveau de l’embouchure. Quand le cheval est adulte, un examen annuel a minima pour un cheval de course (trot ou galop) est recommandé. Pour un cheval plus âgé, il faut amoindrir les défauts occlusifs accumulés au cours de la vie de l’animal et maintenir une table masticatoire correcte, ce qui permettra de prolonger sa vie. » explique le Docteur Jean-Yves Gauchot, Président de l’Association Vétérinaire Equine Française. Il apparaît donc primordial que le cheval ait un suivi tout au long de sa carrière. Car les problèmes dentaires peuvent parfois être à l’origine de contre-performances. Même si d’un point de vue vétérinaire l’approche d’un cheval contre performant est très complexe, de nombreux facteurs pouvant être mis en cause, du plus mesurable au plus irrationnel, il peut néanmoins exister des causes de contre performance d’un point de vue dentaire. « C’est exact, surtout avant l’âge de cinq ans. En effet jusqu’à cinq ans, le cheval va passer de 24 dents lactéales à 36 dents adultes pour les femelles voir 44 pour les mâles. Ces éruptions ne se font pas sans mal car la maturité osseuse n’étant pas toujours atteinte aussi on a très souvent des asynchronismes d’éruption et de croissances qui blessent le cheval au niveau de la cavité buccale. Une fois adulte il s’agit essentiellement des surdents qui peuvent être une cause de « distraction » du cheval au travail, l’empêchant d’être à l’écoute de la main de son jockey ou driver. » confirme le Docteur Gauchot qui est aussi Président et fondateur de la Commission Dentisterie de l’AVEF depuis 1999. Mais les symptômes ne sont pas toujours visibles. Même pour le professionnel, les signes sont parfois si discrets qu’ils sont difficiles à discerner. En revanche, il existe des symptômes plus marqués. « L’hyper salivation, l’agacement en bouche, la fistule dentaire, ou l’amaigrissement, mais ce n’est pas la grande majorité des situations » énumère le praticien qui exerce principalement dans le sud-ouest depuis 1990. La nécessité de consultation régulière est donc de mise. Mais qui consulter ? La plupart des pays à forte tradition équestre font face à la même problématique: d’un côté des techniciens dentaires plus ou moins officiels et de l’autre des vétérinaires. En France, dans le cadre législatif du Code rural, la dentisterie équine est une activité de médecine et de chirurgie vétérinaires. Elle ne figure pas dans la liste des activités dérogatoires citées par ce code. Quand elle est réalisée par une personne autre qu’un vétérinaire, ces activités constituent donc un exercice illégal de la médecine vétérinaire. S’il existe, essentiellement dans le milieu professionnel des courses, des « techniciens », dont l’activité n’a pour autant pas de base légale, la plupart des « dentistes équins » sont de faux professionnels. On recense environ une centaine de non vétérinaires dénommés outre atlantique et en France « laïcs » et environ 500 vétérinaires répartis sur le territoire qui pratiquent la dentisterie équine. Une situation qui courrouce le Docteur Gauchot. « Aujourd’hui, de nombreuses actions pénales pour exercice illégal de la médecine vétérinaire sont en cours. Pourquoi choisir un vétérinaire ? Tout simplement, il s’agit d’une question de niveau de compétences et de professionnalisme. Le vétérinaire équin s’occupe de la santé animale, il est à la fois chirurgien et médecin. Sa sélection sur concours, réputé très pointu, son cursus en école nationale vétérinaire, long et complet, puis sa formation continue obligatoire, tout au long de sa carrière, en font un professionnel de la santé. En outre, le vétérinaire exerce dans le cadre d’une profession réglementée. Tous ces différents niveaux d’exigences sont un gage de qualité et de rigueur professionnelle pour les propriétaires. Si le propriétaire fait appel à ce que l’on nomme un « technicien », il ne pourra s’en prendre qu’à lui même en cas de mauvais travail ou d’accident ». Car cette profession comporte des risques évidents. Pour réaliser certains soins dentaires, il faut avoir recours à une tranquillisation de l’animal et ce, pour des raisons évidentes de sécurité. Le Docteur Gauchot tempère. « Notre métier n’est pas plus dangereux que toutes les autres professions au contact du cheval. Il est vrai cependant que l’art dentaire du vétérinaire équin est impressionnant pour le néophyte. Le vétérinaire dans l’approche des soins dentaires doit toujours exercer en professionnel et rester attentif à l’impétuosité de son patient. »

Une pratique très ancienne

Le plus ancien manuscrit où la notion des soins dentaires aux équidés est abordée est "L'art de soigner et d'entraîner les chevaux" par Kikkuli, écrit vers le milieu du IIe millénaire avant J-C. De tout temps, l'homme a donc été conscient des soins à prodiguer dans la bouche des chevaux pour satisfaire au mieux la mastication. Quant aux descriptions précises des techniques en dentisterie, elles ne datent réellement que de la deuxième moitié du 17ème siècle. L’art dentaire des équidés est aussi passé par des phases de forte créativité telle qu’au 18 ème siècle avec les Gunther père et fils puis dans cette continuité avec le célèbre Herman Haussman et son pas d’âne (spéculum dentaire) en 1895.En France, depuis les années 1980, le renouveau de l’art dentaire équin est attribué au Docteur Chuit, vétérinaire genevois qui est chargé de cours pour cette discipline au sein des quatre écoles vétérinaires Française. Il existe également des écoles à l’étranger, mais leur diplôme n’est pas reconnu en France. Mieux vaut donc mettre en garde les parents qui ont des enfants passionnés par le cheval. La seule solution est de s’inscrire dans une école vétérinaire. Chaque année, en France, environ 480 étudiants s’inscrivent en première année dans l’une des 4 écoles nationales vétérinaires françaises (Nantes, Alfort, Toulouse et Lyon ) . La relève est donc assurée. Les vétérinaires dentiste équin ne sont pas prêts de disparaître. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !