Plat Publié le mercredi 28 octobre 2009 à 11h02

Steven Colas : "Marre de prendre des coups"


Quelques jours après avoir annoncé qu'il mettait un terme à sa carrière à l'âge de 21 ans, Stevan Colas a accepté de revenir pour la première fois sur les raisons qui l'ont poussé à prendre cette décision. D'abord réticent à parler, le jockey a bien voulu en dire plus. L'enfant terrible de l'obstacle reste fidèle à lui-même : sensible et sincère.

Quand avez-vous pris la décision d'arrêter ? Cela fait un moment que cela me trottait dans la tête. Il y a beaucoup de raisons qui m'ont poussé à arrêter... mais c'est compliqué. J'ai fait ce que j'avais à faire, j'ai gagné ce que j'avais à gagner... La page est déjà tournée. Que répondez-vous alors au gens qui disent que c'est un gâchis ? Qu'ils aillent se faire voir. Il faut avoir monter pour comprendre ma décision. Les gens pensent trop souvent que les jockeys sont juste là pour s'en mettre plein les poches. Mais c'est un métier parfois pénible. J'en ai eu marre de prendre des coups dans la gueule. En fait, c'est une accumulation de plein de choses : des problèmes personnels, le risque qui, c'est sûr, joue aussi... Comme tout le monde, j'ai été pas mal blessé. Est-ce que la mort de Guillaume Javoy a pesé dans votre décision ? (Ferme) Cela n'a rien à voir. L'émotion de la victoire ne va-t-elle pas vous manquer ? Bien sûr que gagner à Auteuil avec Oeil du Maître, c'était incroyable. Bien sûr que j'aurais du plaisir à remporter à nouveau des grandes courses, mais ce n'est pas suffisant pour continuer. Quand tu gagnes, tu es forcément content. "C'est bien, c'est super"... ça va cinq minutes. Pas plus. On vous sent un peu déçu par le milieu des courses avec lequel vous avez souvent entretenu des rapports compliqués. Cela reste quand même un métier ingrat. Quand tu gagnes, tout le monde t'aime. Quand tu ne gagnes plus, tu n'existes plus. Moi, je pars en ayant toujours des résultats. Mais, à la fin, je me fous d'être accepté. Le seul avis qui compte, c'est le mien. J'ai toujours voulu être libre de mes choix. C'est la fin de votre carrière. Est-ce une décision définitive ? Je le pense vraiment. Après, on ne sait jamais... Dans ces cas-là, il y a toujours plein de gens qui essayent de vous faire revenir sur votre décision. Mais les décisions, c'est moi qui les prends ! Avez-vous eu beaucoup de témoignages de sympathie de la part de vos anciens collègues ? Mon téléphone n'arrête pas de sonner. Mais, entre jockeys, il n'y a pas besoin d'en dire beaucoup. On se comprend. Dans mon entourage, ils sont tous de mon côté : ils connaissent le truc. Avez-vous un dernier mot à dire à ceux que vous avez croisé pendant toutes ces années ? Je voudrais faire un remerciement global à ceux qui m'ont aidé, à ceux m'ont tendu la main, même quand cela allait moins bien pour moi. Ils se reconnaîtront. Y a-t-il une personne qui vous a marqué en particulier ? David Smaga. C'est un drôle de type, c'est vraiment un bon mec. Qu'allez-vous faire maintenant ? C'est une bonne question ! (rires) Financièrement, cela va aller quelque temps. Ensuite... Je vais déjà avoir du temps pour aller à la pêche : cela va me faire du bien. Je suis le roi de la pêche ! Peut-être même que je peux me trouver un sponsor et en vivre ! En tout cas, je sais que je ne resterai pas dans le milieu. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !