Plat Publié le samedi 21 mars 2009 à 12h52

Turf à la télévision : Le fiasco Trakus


Le 2 août, l’hippodrome de Deauville-La Touques inaugurait en fanfare le système Trakus. Cette première européenne avait alors été présentée comme une innovation technologique majeure au service des parieurs. Un petit gadget qui a coûté la bagatelle de 500.000 euros à France-Galop. Aujourd’hui, Trakus est dans la tourmente et personne ne monte à la tribune pour le défendre. Dommage…

La technologie Trakus

Une balise ultra-légère est insérée dans le tapis de selle du cheval. Elle transmet, par ondes radio, la géolocalisation très précise du concurrent à des antennes réparties tout autour de l’hippodrome. Les données sont traitées directement afin de fournir toutes les informations utiles (vitesses, positions, distances…) à la plate-forme centrale qui peut alors produire, en temps réel, les images de synthèse. Installé uniquement sur quatre hippodromes aux États-Unis et au Canada, Trakus devait apporter des informations permettant d’améliorer la lisibilité et la compréhension de la course. Le spectacle devait y gagner mais surtout, la « lecture » de la course aurait dû devenir accessible à tous. Pendant l’épreuve, un bandeau en bas de l’écran donne, sous la forme de carrés de couleur portant les numéros des concurrents, la position exacte et en temps réel des chevaux les uns par rapport aux autres. Ce dispositif devait apporter un réel confort au parieur, surtout quand il a joué une combinaison et qu’il doit suivre plusieurs chevaux. Pour le joueur néophyte, qui n’a pas encore l'oeil, ce supplément d’images devait constituer une aide à l’apprentissage, un outil qui lui permettait de mieux profiter de la course…

Analyse de la course

Immédiatement après l’arrivée, le déroulé de la course est disponible sous forme d’images de synthèse en 3D. Elles permettent de revoir les moments-clés sous tous les angles de vue et dans toutes les largeurs de champ possibles. En complément de la traditionnelle rediffusion vidéo de l’emballage final, ces images devaient apporter de nouveaux éléments d’analyse de la course, et devaient faire apparaître certains détails qui auraient pu échapper à l’oeil des caméras. Avec Trakus, les choix de trajectoire ou les parcours malheureux étaient sensé devenir évidents. Grâce à des vues spectaculaires, notamment du dessus du peloton ou à la place d’un jockey, le spectateur devait se sentir plongé au coeur de l’action. Enfin, Trakus devait fournir des éléments chiffrés sur tous les partants de la course. Vitesse moyenne, vitesse de pointe, réduction kilométrique… autant d’informations utiles pour juger des capacités et de l’état de forme d’un concurrent. Ces données devaient servir aussi bien par les parieurs que par les professionnels.

Cruelle désillusion

Comme dans toute expérience scientifique, il y a la théorie et la pratique ! Dans les fait, de nombreux inconvénients sont venus ternir la réputation et l’utilisation de Trakus, aussi bien dans la mise en place sur le terrain, avec les pros, que dans l’utilisation télévisuelle des images. Côté turfiste, Trakus n’a pas vraiment convaincu avec des reproches notamment sur les couleurs des casaques mais surtout sur la dimension manquante dans le bandeau lorsque les chevaux sont les uns à côté des autres. Lors du dernier Conseil d'Administration de France-Galop, le système Trakus a été clairement mis sur la sellette et si de réelles améliorations techniques ne sont pas effectives rapidement, on peut s’attendre à un abandon pur et simple de cette technologie de pointe. Ceux qui connaissent et maîtrisent la technologie Trakus vont devoir s’activer et convaincre les détracteurs du couteux joujou technologique sous peine de devoir ranger au placard les boitiers et les antennes sans avoir pu en tirer la substantifique moelle… Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !