Vision d'Etat : la fin d'une grande et belle histoire

Petit cheval peut devenir grand… Qui aurait cru que Vision d’Etat, entrainé dans la Sarthe par Eric Libaud, viendrait un jour affronter et battre les cracks venant de Chantilly ou de Newmarket ? De l’hippodrome des Sables à Hong Kong, l’histoire de Vision d’Etat est formidable et a prouvé que, dans les courses tout était possible. Il suffit parfois d’une bonne dose de talent et d’une passion sans faille. Retour sur la carrière d’un jeune roi qui va maintenant rejoindre le Haras de Grandcamp où il deviendra étalon en 2011.

Le meilleur produit de ses parents

Ne cherchez pas d’origines particulièrement prestigieuses chez Vision d’Etat ! Le cheval, issu d’une lignée française, semblerait bien avoir fait mentir la sainte loi des gènes, définitivement non infaillible. Son père, Chichicastenango, a couru au début des années 2000, remportant plusieurs Groupe (dont le Grand Prix de Paris, Groupe I, en 2001), ou s’emparant de beaux accessits (on pense à sa deuxième place dans le Prix du Jockey Club 2001 derrière Anabaa Blue). Une belle carrière en course, certes, mais qui ne s’est pas réellement continuée au haras. Vision d’Etat est, de loin, son meilleur produit, et ses demi-frères les plus performants sont souvent vainqueurs de Listed ou placés de Groupe (mention particulière au bon stayer Blek). Quant à la mère de Vision d’Etat, Uberaba, il s’agit d’une jument ayant couru à la fin des années 80… En obstacle ! Sa meilleure performance est une victoire dans un modeste handicap à Auteuil, tandis qu’elle finissait sa carrière dans des épreuves à réclamer. Et, côté production, aucune étincelle ! Si ce n’est Vision d’Etat.

Une extraordinaire montée en puissance

Vision d’Etat fait ses premiers pas en compétition sur des hippodromes de province. Il commence à courir à 2 ans, en fin d’année, s’imposant facilement sur le champ de course des Sables, dans une modeste F. Suit une deuxième victoire à Fontainebleau, dans une course B ! Invaincu à 2 ans, le poulain s’annonce bien prometteur. A 3 ans, il revient, s’attaquant cette fois aux champs de course parisiens. Vainqueur d’une B à Saint Cloud pour sa rentrée (devant Chinchon et son demi-frère Chirango), il passe à la vitesse supérieure en s’attaquant à une Listed : il s’agit du Prix de Suresnes à Chantilly, et dans laquelle il devance un certain Américain (gagnant depuis de la Melbourne Cup). Invaincu pour ses 5 premières sorties, son entourage, ébahi, décide de tenter le tout pour le tout. Affronter les meilleurs… Et vaincre.

Une carrière au sommet

C’est ainsi, bien que n’ayant absolument pas suivi jusque là le programme classique réservé aux poulains de 2 et 3 ans, que Vision d’Etat se voit engager aux côtés des meilleurs poulains de sa génération. Le 1 juin 2008, le public découvre un « petit » vainqueur de Listed au départ du prestigieux Prix du Jockey Club. Même pas peur ! Vision d’Etat s’impose, laissant derrière lui les représentants des grandes casaques classiques. Sur son dos, un jockey discret, mais brillant, connu pour ses nombreux exploits en province : Ioritz Mendizabal. Les provinciaux auront eu raison, par leur talent, des parisiens. Et la belle aventure de se poursuivre, avec la course suprême en vue : l’Arc de Triomphe. Après un été passé au repos, Vision d’Etat se présente, invaincu et auréolé du titre de meilleur poulain de 3 ans de sa génération, au départ du Prix Niel, célèbre préparatoire à l’Arc. Et il ne déçoit pas, s’imposant d’un nez. Et c’est donc toujours invaincu que Vision d’Etat s’aligne au départ de l’Arc de Triomphe 2008… Mais, pour la première fois de sa vie, Vision d’Etat voit des chevaux passer le poteau d’arrivée avant lui. Il n’y a toutefois pas de quoi rougir de cette performance. De Zarkava, la gagnante, tout a déjà été dit. De Youmzain, pareil, ce cheval étant maintenant surnommé le Poulidor de l’Arc. Et le premier troisième (il y a eu dead-heat avec It’s Gino), Soldier of Fortune, est un représentant de l’entrainement de ce diable d’Aidan O’Brien, l’un des plus grands entraineurs européens… Bon cinquième, Vision d’Etat ne démérite pas.

L’international en vue

Tout d’abord, il faut féliciter l’entourage de Vision d’Etat. Nombreux sont les 3 ans qui, avec ses performances, seraient directement partis au haras. Mais la belle aventure continue. Troisième du Prix d’Harcourt 2008 pour sa rentrée, Vision d’Etat renoue avec le succès en décrochant le Prix Ganay. Un succès qui lui donne le droit à des ambitions internationales. Il s’envole pour le royal hippodrome d’Ascot, pour les Prince Of Wales’s Stakes (Groupe I). Et s’impose, devant notamment l’excellent Twice Over. Sa forme convainc son entourage de retenter le coup dans l’Arc de Triomphe. Il revient à Longchamp, se classant deuxième du Prix Foy. Mais Vision d’Etat connaitra son premier cuisant échec dans l’Arc 2009. Il finit dixième. Certes, les concurrents présents étaient de très grande qualité (Sea The Stars, grand crack, l’inévitable Youmzain, Cavalryman à son meilleur niveau, Stacelita, Fame And Glory ou encore Dar Ré Mi…), mais, pour la première fois, Vision d’Etat ne finit pas dans les cinq premiers. Toutefois, son entourage croit toujours en lui. Bien leur en a pris ! Vision d’Etat s’envole vers la prestigieuse Hong Kong Cup. Et ne déçoit pas, l’emportant surement. Il y a du voyageur dans ce cheval. Après l’Asie, direction Dubaï et la Dubaï World Cup ! Mais Vision d’Etat ne finit que 12ème dans cette épreuve remportée par le frenchy Gloria de Campeao. Une défaite excusable : la surface synthétique de l’hippodrome de Meydan peut troubler plus d’un cheval, et Vision d’Etat n’a définitivement pas apprécié la piste. Mis au repos pendant quelques mois, il revient en France en août 2010. Et prouve qu’il peut tout faire. Pour son retour en piste, dans le Prix Gontaut-Biron (Groupe III), il s’impose surement dans une piste ressemblant à une gigantesque piscine de boue et sous des trombes d’eau. Pour l’emporter dans ces conditions, il faut avoir un sacré cœur… Il traverse ensuite la Manche. Direction les Champion Stakes de Newmarket. Dans lesquels il finit deuxième de Twice Over. Nous sommes en 2010, Vision d’Etat est âgé de 5 ans. Il a fait rêver, et son entourage décide de tenter l’exploit pour ce qui sera sa dernière course : un doublé dans la Hong Kong Cup. Vision d’Etat échouera. Mais un échec qui reste une belle performance : la course semblait perdu, mais le cheval a su prouver qu’il avait encore du cœur pour bien finir et venir chercher une belle quatrième place, échouant de peu pour le podium… Jolie sortie de piste, finalement. Clap de fin pour une histoire digne d’un film. Vision d’Etat va revenir en France, au haras de Grandcamp. En espérant que sa carrière d’étalon sera aussi formidable que sa carrière en courses. Bon sang ne saurait mentir ? Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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