Plat Publié le mercredi 19 novembre 2008 à 11h41

Wertheimer, un parfum de bleu


C'est une dynastie presque secrète dont la principale préoccupation est la réussite. En une centaine d'années, la famille Wertheimer s'est forgée un palmarès éblouissant. En quatre parties, Zone-Turf vous retrace l'histoire de ces passionnés. Retour sur les débuts de cette aventure.

Originaire du Bas-Rhin, la famille Wertheimer débute une saga vieille de cent cinquante ans avec l’avènement en Alsace du pionnier Jacques, qui, à la mort de son père Lehmann, marchand de bestiaux de son état, dirige une fabrique de textiles très prospère. La guerre perdue de 1870 va faire tomber l’Alsace dans l’escarcelle du IIe Reich et priver ainsi les fils Wertheimer d’un avenir qui semblait tout tracé. Les deux cadets Julien et Ernest optent pour la nationalité française, et, après quelque périple, rejoignent Paris en 1874. L’aventure commence… Pendant une vingtaine d’années, Ernest s’active à grimper les échelons et impose la réussite à son entreprise de fabrication de cravates. Aussi, quand il rencontre par hasard un juif austro-hongrois qui dirige la société Bourjois et Cie, spécialisée dans le fond de teint, saisit-il l’opportunité d’une association et prend-il la direction de la société… rebaptisée E. Wertheimer et Cie. Les deux familles, par frères interposés, étendent leur domaine à l’international (Manchester, Vienne, Le Caire…) et développent ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui la grande distribution. Ils investissent un peu plus tard dans les Galeries Lafayette, une affaire que « d’autres pays », les Kahn et Bader, ont mis sur pied à Paris, et participent activement à l’essor de ce majestueux magasin où bien entendu les produits Bourjois figurent en bonne place.

Après les affaires, les courses...

Aussi, quand les deux fils d’Ernest, Paul et Pierre respectivement nés en 1883 et 1888, sont en âge d’entrer activement dans le consortium familial, est-il tout à fait naturel que celui-ci bénéficie du dynamisme de la jeunesse et étende son influence à la planète entière : la maison Bourjois signera des licences dans plus de 100 pays et vendra dans le monde 2.5 millions de boîtes par an de Poudre de riz de Java, la spécialité maison ! Bien que mobilisés par la Grande Guerre, Paul et Pierre Wertheimer ne vont pas rater l’occasion de faire fructifier le hasard de rencontres et le talent d’un avionneur de génie Felix Amiot : ainsi naît la Société d’Emboutissage et de constructions mécaniques (SECM) présidée par Pierre et appelée à prendre une importance considérable. Le succès appelle le succès… Les deux frères passionnés par les courses décident, après quelques gentilles victoires, de donner un autre tour à leur entreprise : Pierre Wertheimer achète, dans le Médoc, le domaine de Bessan et y aménage un haras. Aussitôt naît là-bas, le premier grand crack de l’Ecurie, Epinard, qui, à lui seul, vaut tout un chapitre du Turf français. A suivre… Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !