Camille Jean : " Un feu d’artifice intérieur ! "

Camille Jean nous avait tout dit avant le Prix d’Amérique : « Meaulnes peut battre Offshore Dream ! ». Celui qui est le lad du champion de Jean-Pierre Barjon depuis près de quatre ans tient une victoire magique dans un Prix d’Amérique. Le calme olympien de Camille Jean contraste avec les caractères, nettement plus bouillants, de Meaulnes du Corta et de son propriétaire. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur l’ange gardien du vainqueur du 88e Prix d’Amérique…

Pendant sa formation à l’école de Graignes, Camille Jean était au service de Jean-Luc Giot, l’habile entraîneur de La Spezia. Après un passage chez Sébastien Baude, cet apprenti discret a eu l’opportunité de rentrer en contact avec Pierre Levesque grâce à la lad de la championne Jaminska. Après avoir passé son permis poids lourd, le garçon était prêt pour son entrée dans l’une des plus grosses écuries françaises.

Le cauchemar de 2008

Pierre Levesque aime responsabiliser son personnel et Camille Jean s’est immédiatement vu confier un certain Meaulnes du Corta. Il a connu les belles victoires du grand Meaulnes mais aussi les blessures et les heures de doutes. Et puis il y avait aussi ce souvenir maudit du Prix d’Amérique 2008, lorsque Meaulnes s’est enlevé à l’entrée de la ligne droite alors qu’il semblait assuré d’une place. « Ce fut un cauchemar ! J’y ai cru ce jour-là et puis on a tout perdu en l’espace d’une seconde ! »

Le feu sous la glace

Alors, cette année, la tension était palpable à quelques heures de la course. Pendant qu’Emmanuel Lehéron s’occupait d’Offshore Deam, dans le box d’à côté, plongé dans le silence, Camille Jean semblait en communion avec Meaulnes du Corta. Impassible lors des fastes du défilé, sourd aux acclamations du public, Camille a confié Meaulnes du Corta à Franck Nivard avant de se réfugier dans sa solitude pour regarder courir son cheval. A l’heure de la course, le garçon avait blêmi encore un peu plus, son regard presque éteint ne laissait transparaitre aucune émotion. Au fil de la course, ses mains se sont mises à trembler, ses yeux ont commencé à briller mais rien de plus, ou presque… « C’est vrai que je ne suis pas très expansif mais je vous assure que j’ai pris dur en dedans, c'était un véritable feu d'artifice ! Le départ a été validé dès le premier essai et Meaulnes n’a pas eu le temps de stresser, il a gardé tout son influx. Franck l’a démarré vraiment extra mais j’avoue que j’ai eu peur car il a pris la tête très tôt et surtout il a débouché les oreilles à 500 mètres du poteau. Lorsqu’il est passé à l’endroit de sa faute de l’an passé, j’ai eu un pincement et puis, ensuite, il a filé au poteau, tout seul. C’est génial ! Meaulnes méritait de gagner un Prix d’Amérique, il l’a fait en patron. »

L'après course

Le garçon a vécu le reste de l’après-midi sur son nuage, à peine remis du feu qui avait tout ravagé en lui. Les félicitations qui affluaient de toutes parts, les casquettes aux couleurs de la casaque Barjon et puis, déjà, la préparation de Meaulnes pour son retour en Normandie. Juste avant la dernière course du programme, Pierre Levesque est venu en personne chercher les lads d’Offshore Dream et Meaulnes du Corta pour les convier à boire une coupe de champagne. Une heure plus tard, le camion Levesque quittait le parking de l’hippodrome de Vincennes, direction Beuzeville-la-Bastille. Vers minuit, Meaulnes du Corta a retrouvé son box loin de la fête parisienne qui battait son plein en son honneur. Le lad du lauréat du 88e Prix d’Amérique est quant à lui allé se coucher mais… à quelle heure ? Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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