Chasseurs de molécules (Partie 1)

Tabou, paranoïa ou simple évidence, qu’on le veuille ou non, le spectre du dopage plane, monstrueux, au dessus du sport moderne. Les turfistes et les acteurs du monde des courses sont nombreux à s’interroger sur la présence sournoise de ce fléau autour des hippodromes. Plus de 25.000 prélèvements en 2008 pour seulement une cinquantaine de cas positifs, les courses françaises sont placées sous haute surveillance.

En France la lutte anti-dopage s’articule autour de deux axes essentiels. Un axe institutionnel qui s’appui sur le Code des Courses et une politique de contrôle dynamique et efficace. Un axe scientifique reposant sur un laboratoire ultraperformant et des équipes de chercheurs à la pointe du progrès. Vétérinaire conseil du cheval Français, Arnaud Duluard veille à la bonne marche de la lutte antidopage. En compagnie de son homologue à France-Galop, Paul-Marie Gadot, et avec le concours d’équipes performantes, il a su mettre en place un système fiable et performant qui fait qu’aujourd’hui, les courses hippiques sont de très loin le sport le plus contrôlé en France. Arnaud Duluard évoque son action en toute transparence. « A mon, arrivée au cheval français, je me disais que si les cyclistes, des hommes, étaient suffisamment fous pour se doper avec des produits dangereux pour leur santé, le monde des courses de chevaux aurait probablement atteint un degré de perversion encore plus élevé. J’avais tort ! Les courses hippiques sont de très loin le sport le plus contrôlé en France. Plus de 25.000 prélèvements ont été effectués en 2007 (15.484 au trot et 9.656 au galop). En plus des cinq vétérinaires du GTHP (Groupement Technique des Hippodromes Parisiens), 42 équipes de vétérinaires préleveurs couvrent l’ensemble du territoire français pour l’application de notre politique de lutte antidopage. Le Code des Courses explicite les règles à respecter et il permet à nos préleveurs d’intervenir partout légalement. Les professionnels connaissent les règles en vigueur. Désormais, lors du stage qui mène à l’obtention de la licence d’entraîneur, une sensibilisation aux problèmes de dopage a été mise en place avec au passage une visite du laboratoire de Verrières-le-Buisson. Selon des modalités précises, les chevaux sont prélevés à l’arrivée des courses, lors des épreuves de qualification, dans les centres d’entraînement ou lors de période de repos. »

Contrôle positif ne signifie pas toujours tricherie

Guidée par une volonté d’efficacité extrême, les mesures de luttes contre le dopage ont connu quelques innovations ces dernières années. Arnaud Duluard précise : « Nous avons mis en place une procédure de prélèvements de tous les chevaux déclarés partants, dans les deux jours précédant de grandes courses du calendrier (Prix de Cornulier, Prix d’Amérique, Prix de France et Prix de Paris). La prévention et la dissuasion font partie de nos meilleures armes. Dans un souci d’efficacité nous avons également souhaité pouvoir contrôler des chevaux stationnés à l’étranger mais susceptibles de venir courir en France, cette mesure est applicable pour tous les pays de l’UET. Nous avons par ailleurs mis en place des procédures de contrôle du « Milk Shake », un procédé de dopage consistant à faire ingérer par sondage naso-gastrique une grande quantité de bicarbonate de soude à un cheval l avant une course. Enfin, nous avons rendu obligatoire les prélèvements simultanés de sang et d’urine afin de pouvoir procéder à une recherche complète sur tous les échantillons (screening total). » Un contrôle positif ne signifie pas forcément qu’il y a eu tricherie. Une enquête minutieuse est déclenchée à chaque apparition d’un cas positif, ce qui permet généralement de déterminer clairement l’origine de la positivité: « La majorité des cas positifs est liée à des causes accidentelles, des négligences des contaminations alimentaires ou des délais d’éliminations non respectés ; et puis il y a les cas mettant en cause des molécules plus « musclées », avec derrière la probable intention de tricher. Sachez qu’il n’y a pas d’affaire étouffée, tous les chevaux positifs sont disqualifiés et tous les cas positifs publiés au Bulletin de la S.E.C.F. » Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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