Critérium de Vitesse : Deux femmes dans un Groupe I !

Deux femmes de talent participeront au Critérium de Vitesse ce dimanche à Cagnes-sur-Mer. Florence Lecellier, 38 ans, sera associée à Marine du Hauzey et Johanna Lindqvist, 33 ans, à Lonshults Danne. Deux compétitrices sur dix drivers dans un Groupe I à l'attelé, le fait est assez rare pour être souligné. Le hasard faisant bien les choses, dimanche sera également la Journée de la Femme.

De manière générale, elles sont peu à évoluer dans l'univers cloisonné des professionnels. Comme par enchantement, les femmes disparaissent des pelotons lorsqu’elles franchissent le cap des cinquante victoires, et pourtant elles font régulièrement partie des meilleures apprenties. Florence et Johanna forment le clan des résistantes, elles seront bel et bien présentes ce dimanche. Nous les avons rencontrées. Racontez-nous en quelques mots votre parcours ? Johanna Lindqvist : Je suis arrivée de Suède il y a dix ans. J’ai fait mon apprentissage pour mon père Anders Lindqvist. A cette époque, j’évoluais aussi bien au trot attelé qu’au trot monté, que j’ai délaissé aujourd’hui. En 1999, j’ai obtenu le titre de meilleur apprenti de France. Depuis deux ans je travaille pour Philippe Alllaire. Florence Lecellier : J’ai fait mon apprentissage chez Jérôme Broland et chez Gérard Duclos. Ensuite, je suis devenue apprentie free-lance en plus d’un mi-temps chez mon oncle Gérard Libert. En 1990, j'ai obtenu la deuxième place au classement des apprentis avec deux fois moins de courses courues que le premier. Depuis dix-huit ans, François Lemoine m’emploie comme entraîneur particulier. Les femmes sont peu nombreuses dans les pelotons. Comment l’expliquez-vous ? J. L. : En Suède, il y a plus de femmes qui courent qu’en France. Ici, les mentalités ont du mal à bouger. Beaucoup nous feraient plus confiance si nous étions des hommes, c’est encore plus vrai dans la discipline du trot attelé. Dans le sport, c’est malheureusement souvent le cas. Aussi, certaines femmes disparaissent des pelotons pour fonder une famille. Il est difficile de concilier les deux. Mais je ne fais pas partie de cette catégorie, je compte bien construire un jour une famille et je compte bien continuer mon métier. F. L. : Les mentalités ont bien évolué, mais on revient de loin ! Lorsque j’ai commencé le métier, il y a vingt-cinq ans, un entraîneur bien connu avait refusé que je travaille chez lui, tout simplement parce que j’étais une fille. Selon lui, j’aurais entravé le bon fonctionnement de l’écurie. Heureusement, ça ne se passe plus comme ça aujourd’hui. Mais il est vrai que c’est un métier où l’on se fait difficilement sa place, d’autant plus quand on est une femme. A l’attelé c’est pire encore alors que les résultats parlent d’eux-mêmes, les femmes réussissent parfois mieux que les hommes. Moi, je considère que j’ai eu une chance inouïe d'avoir rencontré Monsieur Lemoine. Mais pour en arriver là, j’ai fait d’énormes sacrifices, notamment en mettant ma vie de femme de côté. Elles sont peu à vouloir le faire. Dimanche, pensez-vous détenir une chance dans le Critérium ? J. L. : Si on est quatrième ou cinquième, je serais déjà très heureuse. Il y a de bons chevaux. Lonshults Danne m’a comblée cet hiver notamment lors de sa deuxième place dans le Prix de Paris. C’est la plus belle de ma carrière. Alors maintenant c’est du bonus. Avec lui, on vise surtout le Prix de Vincennes le vendredi 13 mars, à Cagnes-sur-Mer. F. L. : Avec un numéro en deuxième ligne, on aurait pu espérer obtenir une cinquième place. Avec le numéro huit tout en dehors, la tâche s'avère plus ardue. Je ne pense pas finir plus près que sixième. Cette course va surtout permettre à Marine d’établir un nouveau record. Ensuite, elle n’aura plus rien à courir. En revanche, j’y crois davantage avec Pompon de Boléro dans la Coupe des Cinq Ans. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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