Trot
Publié le jeudi 4 septembre 2008 à 15h08
Déferrer, c'est gagner?
Déferrés, pas déferrés? C'est toujours l'éternelle question pour les parieurs et les journalistes avant chaque course de trot. Le déferrage est un phénomène qui s'est surtout développé depuis trois ans. Aujourd'hui, 65% des participants à une course sont déferrés. Une statistique qui n'a peut être pas fini d'augmenter...
Déferrés, pas déferrés? C'est toujours l'éternelle question pour les parieurs et les journalistes avant chaque course de trot. Le déferrage est un phénomène qui s'est surtout développé depuis trois ans. Aujourd'hui, 65% des participants à une course sont déferrés. Une statistique qui n'a peut être pas fini d'augmenter... Depuis quand et pourquoi ? A la demande insistante de la presse hippique, désireuse d’être plus précise dans ses pronostics, la Société d’Encouragement du Cheval Français a mis en place en 2003 un système de déclaration d’intention de déferrés par les entraîneurs. 48 heures avant la course, l’entraîneur doit donc préciser si son cheval sera ferré ou non. « Nous avons subi des pressions pour prendre cette mesure. En effet, la presse spécialisée et l’Association Nationale des Turfistes nous ont fait parvenir des statistiques démontrant que la pratique était courante et que les parieurs n’étaient donc pas sur le même pied d’égalité. » affirme Jacques Chartier, Directeur technique. Une décision que Dominique de Bellaigue, Président de la SECF, a pris à regret. Si certains étaient contre, cette nouveauté a fait le bonheur des joueurs petits, moyens et grands. Les déferrés sont donc inscrits sur le programme officiel et dans les journaux. Si cette mesure était réclamée par les parieurs, elle les a aussi influencé dans leur comportement, et notamment celui de Bernard*. A 53 ans, ce « professionnel du jeu » a vu son bénéfice multiplier par 5 en trois ans. Une aubaine ! Et cela grâce aux trotteurs déferrés. « Je suis un spécialiste du trot et je joue gros c’est à dire entre 1 000 et 4 000 euros par réunion. Depuis que cette pratique est apparue, je parie uniquement sur les chevaux indiqués comme déferrés au programme. Je les joue en simple gagnant et placé. Alors, il est bien évidemment que si le cheval que j’ai repéré venait à courir avec ses fers, cela change tout. Il est même très courant que je me ravise » indique Bernard. Cela fonctionne vraiment ? Exemple concret. Le 15 juin 2008 à Vincennes, l’intégralité des courses a été remportée par des chevaux déferrés. Sur les neuf épreuves, six ont été enlevées par des trotteurs dont les entraîneurs avaient ôté les quatre fers. Mieux encore, les réductions kilométriques établies ont permis à trois des vainqueurs d’améliorer leur record personnel. Même si cette razzia est relativement rare, elle traduit à merveille la réussite croissante que connaît le déferrage. Pour une grande majorité de performers, le fait de courir pieds nus est un avantage. C’est l’avis de Pierre Vercruysse, entraîneur-driver. « Il est évident que cela améliore les chevaux dans de nombreux cas. Le cheval a moins de poids au pied, il possède un meilleur passage et cela permet de gagner en vitesse ». Néanmoins, le driver tempère. « Attention, ce n’est pas systématique. On parle beaucoup des chevaux qui gagnent déferrés mais on évoque moins ceux qui ne terminent pas à l’arrivée. Et pourtant, il y en a ! » Il est évident que tous les chevaux ne réussissent pas à gagner quand ils sont déferrés. Alors pourquoi, cela marche dans certains cas et pas dans d’autres ? L'explication principale se trouve au niveau des pieds du cheval. Et dans ce domaine, il n’y a pas de logique. Peu importe leurs tailles. Les chevaux à petits ou grands pieds peuvent être déferrés. Tout dépend de la corne du sabot. Cette dernière est comparable à l’ongle chez les humains. Certains équidés doivent donc être ferrés pour protéger leurs phalanges, qui se situent juste en dessous. Un cheval qui dispute une course sans fers va user sa corne. Si elle est trop courte, ceci provoquera une souffrance. Les entraîneurs ne doivent pas abuser de cette pratique qui peut en premier lieu amener à la faute d’allures et donc à la disqualification et surtout amener des douleurs pour le cheval après la course. A quand remonte cette technique ? En France, c’est dans les années 80 que certains performers ont commencé à être déferré. Une pratique que l’on doit aux professionnels suédois et à Ulf Nordin. Pour beaucoup, c’est lui qui est le précurseur de cette mode. En effet, l’homme a remporté les plus prestigieuses épreuves de Vincennes en déferrant ses chevaux. Prix de Cornulier, Critérium des 3 ans, Critérium des 4 ans… La méthode a fait ses preuves. « Il a réveillé un usage qui avait disparu. Il gagnait de trente mètres avec ses chevaux et nous, entraîneurs-drivers, nous nous demandions comment il arrivait à obtenir de tels résultats. Certaines mauvaises langues parlaient de produits interdits. Archi-faux ! Ulf était simplement plus malin et avait remis au goût du jour une pratique payante. Alors, voyant les victoires qui s’accumulaient pour lui, on s’y est mis. Et, bien nous en a pris ! » commente Pierre Vercruysse.Vers une prochaine interdiction?
En France, le phénomène du déferrage est une véritable mode. Désormais, il devient presque étonnant de voir un cheval courir « chaussé ». Mais si cette pratique est aussi monnaie courante dans certains pays et notamment chez nos voisins scandinaves où 58% des chevaux courent déferrés, d’autres n’ont pas pour habitude de courir avec les fers. C’est le cas aux Etats-Unis. Là-bas, aucun coursier n’est déferré. C’est même le contraire. Les surfaces de piste sont très fermes. La résonance pour les articulations est très forte et donc néfaste si le cheval courrait sans ses fers. Il est donc impossible de le déferrer. Les risques sont trop importants pour lui. A l’heure où sont écrites ses lignes, cette interdiction n’est pas d’actualité. Mais attention, Jacques Chartier, Directeur technique du Cheval Français envisage cette solution en cas de non respect de la réglementation de la part des principaux acteurs du trot, c’est à dire les entraîneurs. « Les esprits ne sont pas encore mûrs pour une totale interdiction. Cependant si des entraîneurs tournent la réglementation à leur avantage, il sera inéluctable de prendre cette décision. » admet le Directeur technique. Du côté du Cheval Français, on craint également les dérives de cette méthode. En effet, certains entraîneurs ne respectent pas leur intention de déferrer et fausse systématiquement les enjeux des parieurs. Ils jettent donc un discrédit important sur cette volonté de transparence. Un argument supplémentaire vers une interdiction. Une interdiction dont les parieurs ne veulent pas entendre parler. « Revenir à l’ancien système serait une hérésie » prévient Bernard. * Pour des raisons de confidentialité, le prénom du joueur a été changé. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !La Rédaction - ©2025 Zone-Turf.fr
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