Les quatre Prix d'Amérique du diable belge
Jos Verbeeck est sorti vainqueur à quatre reprises du prix d’Amérique, la plus prestigieuse course du circuit international ; peu commun, mais déjà vu me direz-vous ? Sûrement, mais Jos ne se contente pas d'inscrire son nom et celui d’un cheval sur les tablettes d’un classique, il y ajoute la manière et un parfum d’éternité. Que ce soit par un coup de génie, par l'émotion générale soulevée par l’une de ses victoires, par un incroyable retour, ou encore par un tour de passe-passe dont lui seul a le secret, Jos sait rendre ses triomphes inoubliables, frappant toujours fort dans les esprits et dans les coeurs. Flash-back sur les quatre victoires de Monsieur Verbeeck dans le Prix d'Amérique.
1994 : Sea Cove, le coup de génie
Avant d'évoquer la victoire du champion allemand, revenons un an plus tôt, Prix d’Amérique 1993, remporté par la petite Queen L. Sea Cove termine quatrième, à l'issue d'un parcours caché, il conclut non loin des premiers, mais Jos fait la moue, il a drivé aux ordres, mais lui sait que la tactique employée n'était pas la bonne, et repart l’esprit rempli de regrets. Qu’à celà ne tienne, la semaine suivante à l'occasion du Prix de France, plus personne ne lui guidera sa conduite pour driver son champion, maintenant c'est devant et méchant ! Et bien lui en prend, il remporte la prestigieuse épreuve. Dans la même année, il remportera également l'Elitloppet en adoptant cette tactique. 1994, tout le monde est prévenu, la tactique sera la même, lui devant les autres derrière. Oui, mais personne ne s'attendait à ce qui allait suivre, tout de suite porté aux avant-postes, Jos laisse dérouler Sea Cove dans le bas de la descente, en plaine son avance ne fait que s'accentuer, on ne compte plus les longueurs, et derrière la chasse met du temps à s'organiser. Même le maître Stig Johansson n'a rien vu venir, et ne lance Queen L qu'à un peu plus de 1.000 mètres de l'arrivée, imitée aussitôt par la grande Vourasie et Bernard Oger. Intersection des pistes, toujours une bonne vingtaine de mètres d'avance pour le géant allemand qui semble aller librement. Et c'est bien là que Jos a gagné son pari, car il connaît son champion par cœur, et sait que celui-ci quelque soit la distance, serre le frein à main dans la dernière ligne droite. Et comme un scenario bien ficelé, Jos porte Sea Cove à la victoire, résistant d'un rien à ses deux poursuivantes, Vourasie et Queen L, qui se sont fait piéger par le coup de bluff du génialissime Verbeeck. Plus tard lors d'une interview sur le plateau d'Equidia, Jos évoquait cet exploit, et souriait du fait qu'une carrière ne tenait pas à grand chose, car disait-il "tout le monde m'a félicité, a dit que c'était un coup de génie, mais imaginez si je suis battu, tout le monde aurait dit "t'as vu, il a fait n'importe quoi...", et je n'aurais peut-être pas eu la même carrière ensuite."1997 : Abo Volo, un grand moment d'émotion.
Associé au champion d'Albert Viel en vue d'une carrière européenne, Jos découvre rapidement qu'Abo Volo est de la graine de crack, et persuade son entraîneur, Paul Viel, qu'il tient là un cheval de Prix d'Amérique. Lors de l'édition 1996 de la grande course, remporté par Coktail Jet, le fils de Lurabo, ne fait pas figure de favori, mais bien que fortement gêné dans le dernier tournant, il conclut deuxième du champion de Jean-Etienne Dubois, laissant des regrets au driver belge. Au cours de cette même année, Abo Volo s'affirme comme le nouveau numéro un français. Le Prix d'Amérique apparaît enfin comme un rêve réalisable pour la casaque d’Albert Viel dont la santé se dégrade dangereusement. Janvier 1997, le champion est au top, les épreuves préparatoires se sont déroulées à merveille, rien ne semble pouvoir s'opposer à un sacre. Rien? Et pourtant ici et là dans les travées de Vincennes, on entend parler que d'une chose : le signe indien qui plane au-dessus de la casaque Viel, cette maudite casaque qui a terminé à plusieurs reprises à la deuxième place, n'échouant que d'un nez en 1992 avec Ultra Ducal, ou encore en 1988 devant laisser filer le roi Ourasi avec Permissionnaire. Mais cette fois ce n'est pas possible, la malédiction ne va pas continuer ! Une autre rumeur court, Albert Viel serait mourant, il n'est même pas certain qu'il puisse assister au Prix d'Amérique. Le jour J, Vincennes retient son souffle, la tension est à son comble, ce n'est pas la victoire d'un champion que l'on attend, c'est le sacre du cheval de Monsieur Albert. Jos, lui, la pression il ne la connaît pas, de toute façon il est le favori logique, Coktail Jet n'est plus que l'ombre de lui-même, seul Défi d'Aunou semble en mesure d'accrocher le champion. Départ, comme à son habitude, Jos place Abo Volo en tête, et la suite n'est que logique, ça y est Albert Viel tient sa victoire dans la plus prestigieuse épreuve française. On en oublierait presque l'exploit du cheval, c'est son propriétaire-éleveur qui monopolise les conversations, les drivers et entraîneurs viennent féliciter Jos, comme pour le remercier d'avoir offert cette grande victoire à l'un des grands monsieurs du trot français. Depuis le quatrième et dernier succès d'Ourasi 1990, jamais l'émotion n'avait était aussi palpable et communicative sur le plateau de Gravelle. Quelques jours plus tard, Albert Viel s'éteindra, comme s'il n'attendait plus que ce poteau franchi par sa casaque pour partir ; Jos lui a définitivement offert une place au paradis des éleveurs.1998 : Dryade Des Bois, le retour du Diable
Dryade Des Bois était taillée pour la vitesse. Jean-Baptiste Bossuet fait alors appel à Jos, comme le fît Paul Viel avec Abo Volo, pour conduire sa jument sur les pistes plates européennes. Le couple s'entend à merveille, Dryade ne fait que progresser dans les épreuves de vitesse, et s'impose petit à petit comme une jument incontournable du circuit européen. Mais ce diable de Jos voit les choses en grand et recherche perpétuellement un gagnant potentiel pour les prochains Prix d'Amérique. Il persuade l'entraîneur mayennais que sa jument peut rivaliser avec les meilleurs...à Vincennes ! Fait incroyable à ce niveau, la fille d'Off Gy ne s’éait jusqu'alors jamais imposée sur la grande piste de Vincennes. Jos n'est plus à un pari près, et le couple se retrouve au départ de la grande course, mais bien évidemment, un parcours à l'économie s'impose face aux Défi d'Aunou, Capitole, Echo et consorts. L'une des grandes forces de Jos, c'est la faculté à savoir démarrer à peu près tous les chevaux qui lui sont confiés, même les plus délicats, ceux qui partent comme des fers à repasser. Ironie du sort, Dryade s'élance au galop, se retrouvant à une dizaine de mètres du peloton, autant dire que dans une épreuve comme celle-ci, la cause était entendue. Jos prend son mal en patience, recolle tranquillement. Devant, la bataille fait rage, Capitole et Défi d'Aunou se livrent un duel sans merci dans la montée, Jos saute dans le wagon de la troisième épaisseur et se fait gentiment ramener. Dernier tournant, les favoris continuent d'en découdre, et la pensionnaire de Jean-Baptiste Bossuet laisse penser qu'elle peut s'octroyer une place ; après ce départ catastrophique, ce serait déjà un exploit. Entrée de la ligne droite, Echo, lancé par Pierre Vercruysse, semble devoir s'imposer et offrir un jumelé à l'écurie de Jean-Etienne Dubois, mais à mi-ligne droite, l'inimaginable se produit, telle une balle de 357 Magnum, Dryade Des Bois et Jos Verbeeck transpercent les premiers et s'imposent à la surprise générale. Aujourd'hui encore les drivers battus doivent se demander d'où sortait ce petit bolide. Jos remporte son troisième Prix d'Amérique et réalise le doublé 1997 – 1998 !2003 : Abano As, la désillusion française
Lors des deux précédentes éditions du Prix d'Amérique, le crack italien Varenne avait tout simplement balayé les meilleurs chevaux français du moment, tel Général du pommeau, vainqueur en 2000, mais aussi Fan Idole, pour ne citer qu'eux. Pas chauvin pour un sou...les français se cherchent un champion qui puisse enfin redorer le blason des tricolores. Varenne absent, la partie semble jouable, la France est plutôt bien armé avec les Insert Gédé, Fan Idole, Gébrazac, ou encore un éventuel retour en grâce de Général Du Pommeau. Absent en 2002 dans la grande course, Jos s'est quelque peu fait oublier ces derniers temps, à l'image de son partenaire, Abano As, vainqueur tout de même du Grand Prix de l'UET et du Critérium Continental en 2001. C'est donc dans un rôle d'outsider que s'élancera Jos dans ce Prix d'Amérique. Mais une nouvelle fois, il va donner une grande leçon, Verbeeck ne se présente pas au départ d'un classique pour regarder les autres, il est là pour se battre et tenter un truc. C'est sur une piste détrempée que s'élancent les dix-huit concurrents, tel un ange, Jos porte la casaque société, casaque blanche...vite devenue couleur cendrée, comme pour mieux se faire oublier et jouer à merveille son rôle de diable. S’il est bien une tactique propre à Jos, que bien d'autres aujourd'hui encore ont du mal à comprendre, c'est que pour courir cacher, mieux vaut prendre tout de suite la tête du peloton ! Ainsi installé aux avant-postes, Abano As n'a plus qu'à choisir le meilleur dos qui se présentera. Tout d'abord c'est le fougueux Scarlet Knight, qui vient le relayer, puis fautif, il laisse sa place à Général Du Pommeau, qui lui même laissera passer Gigant Neo. Fort heureusement pour Jos, Général ressortit pour se placer aux côtés du cheval de tête, ce qui replaçait notre tandem à portée de tir, planqué dans le dos des leaders. Il en fût ainsi jusqu'à l'entrée de la ligne droite, où Insert Gédé, qui faisait les boulevards depuis 1.500 mètres, donnait une lueur d'espoir à tous supporters français. Lorsque soudain, sorti de nulle part, jaillit ce diable de Jos, maculé de noir, à se demander si c'était bien lui ! Abano As vint fusiller le partenaire d'Yves Dreux. Personne ne semblait réaliser ce qui venait de se passer, et pourtant c'était bien, une nouvelle fois, la victoire d'un cheval étranger, mais aussi et surtout, le triomphe de Jos, qui revenait du purgatoire faire un pied de nez à tous ses détracteurs du moment. Il rappelait à cette occasion que lui, le diable belge, était l’homme des grands rendez-vous et qu’un Jos pouvait cacher un Verbeeck…encore et toujours ! Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !La Rédaction - ©2025 Zone-Turf.fr
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