Prix d'Amérique 2011 : Le miroir d'une passion franco-suédoise

A l’image d’un Prix de l’Arc de Triomphe du côté des galopeurs, le Prix d’Amérique dispose de cet aura unique qui en fait un événement de très grand prestige jusque bien au-delà de nos frontières. Hors de celles-ci, la Suède tient un rang particulier dans l’univers désormais lui aussi mondialisé des courses de trot. Plus précisément le deuxième, en Europe, et si l’on s’en tient aux seuls chiffres. Ce qui n’en fait pas pour autant un second couteau, car les Suédois se sont illustrés plus qu’à leur tour au sein de l’épreuve reine des trotteurs attelés durant sa longue et riche histoire. A quelques jours du départ du Prix d’Amérique 2011 dont le Suédois Maharajah apparaît comme un concurrent très en vue, Zone-Turf.fr vous propose une rétrospective de l’histoire des participations suédoises à la plus prestigieuse de nos épreuves au trot.

Sören Nordin en précurseur suédois sur le Plateau de Gravelle

Les courses au trot existent depuis le XIXème siècle en Suède et le Prix d’Amérique fête son trentième anniversaire lorsque un Suédois y inscrit son nom à son palmarès. Alors au début d’une carrière qui s’avérera par la suite exceptionnelle, Sören Nordin, le père d’Ulf Nordin, est le premier driver et entraîneur suédois à s’imposer dans l’épreuve reine avec Scotch Fez en 1950. Dix-sept ans plus tard, en 1973 et au moment de la série maudite d’Une de Mai, les Scandinaves refont parler d’eux au travers du driver Bernd Lindstedt, précédemment apprenti chez Sören Nordin et qui lui succède au palmarès des Suédois victorieux en menant Dart Hanover au succès, un après que celui-ci eût remporté l’Elitloppet. Mais au sein des courses au trot européennes en général et du Prix d’Amérique en particulier, les Français se sont repris après avoir quelque peu subi la domination des trotteurs étrangers, Scotch Fez (1950) et Dart Hanover (1973) étant en l’occurrence des trotteurs d’origine américaine. Il faudra désormais patienter jusqu’au début des années 90 de manière à voir les Suédois de nouveau s’illustrer sur la cendrée de Vincennes.

Queen L et Ina Scott ou les années de domination scandinave sur le Prix d'Amérique

En 1993, le trot suédois est en pleine ascension dans le sillage de Stig Johansson, l’idole de Stefan Hultman (Maharajah). Troisième en 1992, la petite Queen L, modèle réduit aux allures rasantes caractéristiques, inaugure une belle série nordiste en s’adjugeant le Prix d’Amérique 1993. Alors que la piste du Plateau de Gravelle a subi des travaux la rendant plus rapide au printemps 1993, Queen L ne peut confirmer en 1994 face à la chevauchée fantastique de l’Allemand Sea Cove et de Joos Verbeeck dont la prestation restera dans les mémoires. La protégée du maître Stig Johansson se classe néanmoins troisième, avant de conclure au sixième rang en 1995, impressionnante série pour cette attachante championne. La cendrée vincennoise a été refaite (tournants relevés, descente adoucie), nous l’avons évoqué. Ce qui joue aussi en faveur des trotteurs scandinaves habitués aux anneaux de vitesse dans leur pays d’origine (Jägersro, Solvalla, Bergsaker). La vitesse, la jument Ina Scott connaît (titulaire de 31 victoires consécutives au début de sa carrière). En 1995, la Suédoise applique la recette et vient coiffer Vourasie sur le poteau, battant le record de l’épreuve en 1’14’’7. Un succès à la touche féminine puisque sa driver Helen Johansson devient la première femme, pour une première participation, à remporter le Prix d’Amérique. L’année suivante, en 1996, Ina Scott retentera bien sa chance mais devra se contenter de la quatrième place, inaugurant dès lors une période de relative vache maigre pour le trot suédois dans le Prix d’Amérique.

Maharajah sur les traces de Gigant Neo et Opal Viking

Gigant Neo, meilleur 3 ans suédois en 2001 alors à l’entraînement chez Stefan Melander, est jugé digne de participer au Prix d’Amérique 2005, deuxième derrière Jag de Bellouet, puis à l’édition 2006, où la sanction est la même si ce n’est qu’il l’emporte finalement sur tapis vert suite au déclassement de Jag de Bellouet pour dopage. Une victoire au goût amer. Mais les Suédois sont bel et bien en embuscade au plus haut niveau de compétition. Opal Viking, drivé par le Finlandais Jorma Kontio et entraîné par Nils Enqvist, crée la surprise en se classant deuxième d’Offshore Dream à l’arrivée du Prix d’Amérique 2008. Le Suédois confirmera en remportant le Grand Critérium de Vitesse de Cagnes-sur-Mer, sans pour autant accéder au panthéon des trotteurs, cinquième et non-placé dans les éditions suivantes du Championnat du Monde au trot attelé. A la suite de Naglo, sixième en 2006, et Triton Sund, participant fautif au Prix d'Amérique 2009, l'entraîneur Stefan Hultman semble bien avoir trouvé et façonné la perle à même de renouer avec les prestigieux succès de ses illustres prédécesseurs. Lauréat des Derby suédois des 3 et 4 ans et très remarqué vainqueur du Grand Prix de l'UET 2009 devant notamment Roc Meslois, Maharajah est de l'avis même de son mentor un lauréat d'Amérique en puissance. Stefan Hultman le pressent depuis de nombreux mois durant lesquels le professionnel suédois s'est attelé à préparer le champion de 6 ans en vue de cet objectif. Sa victoire pleine de panache et de domination dans le récent Prix de Belgique a conforté son entourage et les observateurs en ce sens. Pour sûr, le fils de Viking Kronos paraît être à même de mettre fin à plus de 15 ans de disette suédoise dans l'épreuve reine. Et s'il était besoin d'une image à même de révéler ce que représente la plus prestigieuse des épreuves mondiales au trot attelé, il n'est qu'à se remémorer les larmes de Stefan Hultman lorsque son protégé passait le poteau en tête en dernier lieu à Vincennes. Les Ready Cash, Oyonnax et Sévérino n'ont qu'à bien se tenir. Maharajah est bien aux portes de la gloire. Une gloire franco-suédoise pour un amour commun du trot. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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