Richard-William Denéchère : Le lion du Sud-Ouest

A 65 ans, l’entraîneur vedette du Sud-Ouest, Richard-William Denéchère, a toujours la même rage de vaincre qu’à ses débuts. Il l’a encore prouvé ce mercredi à Agen, lors de sa victoire au sulky de Quelle Aventure, peut-être une nouvelle Fan Idole, selon lui. Focus sur ce lion des pelotons qui n'a pas fini de nous surprendre.

Richard-William Denéchère ne s’arrête jamais, il déborde d’énergie. Et pourtant, le maître incontesté des pelotons de la fin des années soixante-dix a tout vécu. L’excellence : il a été sacré six fois Sulky d’Or. L’horreur : avec l’incendie de son écurie et la perte de dix-neuf chevaux en 1984. Et puis, toujours, cette culture du labeur incessant, l'unique religion de cet infatigable acteur du trot. Personne n'a oublié qu'avec Fan Idole, il avait mis fin au règne d'"Il Capitano" Varenne, un beau jour de Coupe du Monde au Canada. Richard-William Denéchère nous a parlé de lui et de cette vie exceptionnelle faite de passion, d'espoirs et de sueur... Comment êtes-vous entré dans l’univers des courses de trot ? Mon père, Guy Denéchère, était un excellent entraîneur. Il avait commencé par entraîner des galopeurs avant de se vouer intégralement aux trotteurs. Avec Houlgate, il avait remporté le Prix du Calvados, un semi-classique ouvert aux hongres. René Fabre lui était associé. Mon père était un grand ami de Marcel Vercruyssse et je côtoyait déjà Jean-Pierre Dubois. A l’âge de 13 ans, j’ai connu mon premier succès sur l’hippodrome de La Rochelle-Chatelaillon. A cette époque, on parcourait déjà beaucoup de kilomètres, il m’arrivait de passer une dizaine d’heures assis sur mon sac d’avoine dans le camion avec les chevaux pour me rendre sur un hippodrome. A ce moment là, les véhicules allaient à 40 ou 50 km/h. La première année, j’ai gagné quatorze courses .

"J'ai été sacré six fois sulky d'or"

Votre palmarès fait rêver, racontez-nous. J’ai été sacré six fois Sulky d’Or dont quatre fois consécutives de 1979 à 1982. Ces années-là, je luttais contre de grands drivers, comme Jean-René Gougeon ou Jean-Claude Hallais. Je cumulais une centaine de victoires par an avec beaucoup moins de courses qu’aujourd’hui. Disons que sur dix partants, huit étaient sous mon entraînement. On montait bien moins pour l’extérieur que maintenant. Avec Fan Idole, j'ai remporté la Coupe du Monde du trot au Canada. C’est mon meilleur souvenir. Ce jour-là, on avait battu Varenne, "Il Capitano". En revanche, je regrette de ne pas avoir gagné une seule fois le Prix d’Amérique. Avec Fakir du Vivier, si nous n'avions pas perdu trente mètres au départ, la victoire aurait été pour nous. Champion du monde c’est bien, mais vainqueur du Prix d’Amérique, c’est mieux ! Quelle Aventure s’est retrouvée ces derniers temps. Que lui réservez-vous pour l’avenir ? Mon objectif est de la faire vieillir. Je ne compte pas me presser avec elle. Si elle reste bien, qu’elle ne m’embête pas avec ses chaleurs, elle courra le 8 avril l’étape du GNT à Lyon. D’autant plus qu’elle tourne très bien à gauche. Si tout se passe comme prévu, elle trouvera de bons engagements en tête dans d’autres étapes de ce Tour de France des Trotteurs. Mais si je décèle la moindre fatigue, je ne m’obstinerai pas. Elle n’a que cinq ans.

"Je ne me vois pas vivre sans les chevaux"

Et vous, quel sera votre avenir après l’âge fatidique des soixante-dix ans ? Je ralentis déjà doucement mon activité pour n’entraîner qu’une vingtaine d’éléments. Je n’ai jamais été très friand des vacances, cependant, je vais essayer de faire plaisir à ma femme, Liliane, et de profiter un peu plus des choses qui m’entourent. Mais vous savez, il n’y a pas d’âge limite pour l’entraînement, heureusement, car je ne me vois pas vivre sans les chevaux. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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