Trot Publié le lundi 8 juin 2009 à 11h05

Sucrerie d'enfance


Une journée passée aux courses peut être la source de nombreuses envies et de rêves à l’aube de leur réalisation. Sans le savoir, les parents amenant leur petite famille sur un hippodrome sont à même de susciter de futures vocations. Que l'on soit fils d'entraîneur ou petit-fils d'un turfiste amateur, tous les chemins mènent aux courses hippiques !

Les enfants n’ont pas vraiment le choix de leurs destinations. Ils suivent, mais leur âme est à modeler, comme le sucre avant la friandise. Leurs yeux émerveillés devant les chevaux, le bal des casaques, laisseront quelque part dans leur tête l’idée de devenir un de ces hommes colorés faisant corps avec l’animal. Ils n’oublieront certainement pas le sourire d’un père qui a gagné trois sous grâce à son pari, assez pour leur offrir une glace au chocolat après les courses. Plus tard ils connaîtront l’excitation et les hurlements de la foule passionnée. Et encore plus tard, ils seront peut-être au sulky de ces chevaux, faisant à leur tour naître de nouveaux espoirs sur le visage de jeunes spectateurs conquis.

Sucrerie, fille de Mousse au Chocolat

Ce samedi sur l’hippodrome de Caen, une des élèves de Jean-Etienne Dubois était en piste. Elle s’appelle Sucrerie et elle a tout juste trois ans. Est-ce vraiment sérieux ? Elle est la fille du champion de la famille Dubois, Défi d’Aunou. Sa mère n’avait rien d’un crack, elle se prénommait Mousse au Chocolat. Elle a déjà de belles allures sur la piste, suffisamment pour faire fondre le cœur des enfants et attirer l’attention des turfistes. Elle part de la course favorite des joueurs, se trompe durant le parcours et finalement termine à la sixième place. Comme le disait Rimbaud, on ne peut pas être sérieux quand on a… trois ans ! Et un père s’adressant à son fils à moitié en pleurs: « Je te l’avais pourtant dit de ne pas jouer sur une sucrerie ! Ne t'en fais pas, c’est cela les courses, un jour on perd, l’autre on gagne. Mais regarde les bien tous ces chevaux. Ce soir, ils te trotteront dans la tête dans le plus beau de tes rêves ». Le monde des courses hippiques est fermé. A double tour. On peut facilement compter combien de fils ou filles de professionnels sont devenus entraîneurs ou drivers. Et il n’y a rien de plus normal à cela ! Être baigné dans le monde des courses depuis le plus jeune âge façonne l’envie et exacerbe l’ambition de répéter un jour les exploits de ses aïeux. La famille Mary, Lizée, Raffegeau, Fournigault, Bigeon au trot en sont de parfaites illustrations. En plat, la dynastie Head est certainement le meilleur exemple de passion transmise de génération en génération. Par contre, on ne saura jamais combien de personnes sont venues au monde des courses sous l’influence de grands-parents turfistes, ou de parents accros aux chevaux juste pendant trois minutes, le temps qu’une course démêle le hasard. Cet intérêt « éclair » a pu laisser un grand feu d’affection dans le cœur de ceux qui se régalaient de sucreries pendant que papa ou papi faisait le papier dans le café PMU du coin.

L'exemple de la famille Goetz

Pierre-Joseph Goetz est l’un de ces orphelins des courses hippiques. Sa grand-mère a été celle qui lui a donné la clé des hippodromes et a gonflé sa voile de vent, de chevaux et d’adrénaline. Depuis le marin a fait sa route. Célèbre journaliste aux facéties clownesques et aux élans lyriques, il est devenu un personnage incontournable d’Equidia. Et ce fut lui, le maître du feu, celui qui polira le destin d’une famille entière : ses enfants ont tous hérité de sa passion pour les trotteurs et ils en ont fait leur métier. Valéry et Benjamin sont entraîneurs, Pierre-Emmanuel est l'un des commentateurs vedettes d'Equidia et aussi driver amateur, tout comme Maud. Marion est quant à elle une "jockette" confirmée. La passion pour les courses hippiques est un virus transmis de génération en génération. Un secret lié au sang, inextricable. Une évidence depuis le plus jeune âge, prenant la force du fer en vieillissant. Mais la maladie peut s’attraper aussi dans le vent des paroles des turfistes, dans le couloir d’un hippodrome, quand le père que l’on accompagne jure sur le cheval lui ayant fait perdre sa mise. La richesse et la pérennité du système des courses en France prend sa source dans cet incroyable vivier de personnes. Les uns dédient leur vie aux chevaux depuis des générations, les autres nourrissent leur passion comme une fleur prenant racine dans le brouillard sucré de l’enfance. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !