Un militaire passionné par les courses
Militaire de carrière depuis 24 ans, Christophe Treyer a croisé le chemin des trotteurs par hasard, au détour d’une patrouille de routine. A 42 ans, en compagnie de son épouse Isabelle, il vit à fond sa passion pour les courses. S’il vit aujourd’hui à Plouasne, dans les Côtes d’Armor, son cœur, ses amis et ses chevaux son en Normandie, à deux pas de Villedieu-les-Poêles. Premier propriétaire de Magic de Assigny, qui participait à l'étape du Trophée Vert de Fougères, ce propriétaire heureux échangerait volontiers son uniforme pour une casaque…
Comment êtes vous arrivé dans le monde des courses ? Je n’avais pas de famille dans le monde du trot, mon père était joueur, et je m’intéressais aux courses à travers les Tiercés depuis longtemps. Lorsqu’ en 2003, je suis venu en poste à Saint-Lo, dans La Manche, j’ai eu le coup de foudre ! Il y avait des chevaux partout autour de chez moi. Mes situations professionnelle et financière me permettaient enfin d’assouvir une passion qui me trottait dans la tête depuis un petit moment, je me suis dis que c’était le moment de faire quelque chose. Je me suis arrêté au culot chez Gérard Hernot. Je suis arrivé dans sa cour en tenue militaire ; il a dû se demander ce que je lui voulais ! Je lui ai expliqué que je souhaitais investir dans un cheval de course pour un montant de 5.000 euros. Il m’a fait comprendre que pour ce prix là ce ne serait pas simple. Il m’a invité à boire un café et m’a informé sur les différents moyens de devenir propriétaire, les locations, les pensions… N’y connaissant rien, je lui ai fait totalement confiance, et c’est ainsi qu’un jour, Gérard m’a appelé pour me dire qu’il avait réclamé un cheval à Caen, tout est parti de là ! Je l’ai suivi, et j’ai donc acquis ce cheval pour 9.000 euros, il s’agissait de Magic De Assigny. Parlez-nous de vos premiers achats de chevaux ? Comme je vous l’ai dit, mon premier achat fût Magic De Assigny, pour 9.000 euros. L’année suivante, lors des ventes du Prix D’Amérique, je me suis rendu acquéreur de Nuit Du Lys. Personne n’en voulait et après une brève consultation avec ma femme, j’ai levé la main à 3.000 euros ! Elle est ma jument de cœur, elle a glané 59.000 euros en compétition, m’apportant les joies d’une première victoire dans une réunion PMU, à Cabourg l’été dernier. Elle est actuellement pleine d’Obrillant et devrait pouliner à la fin du mois de mars, elle sera ensuite saillie par Jeanbat Du Vivier. J’ai également acheté Pamela On Wood, aux ventes de Deauville, elle était qualifiée et me plaisait dans son modèle. Malheureusement, c’était une jument trop nerveuse pour faire carrière, elle a pris 8.000 euros. Par la suite, j’ai fait des achats infructueux, Raban Devil et Ofray, acheté dans un champ, et Rosiris Du Top, une fille de Gazouillis que j’avais mise à l’entraînement chez Pierrick Hernot. Elle avait montré des moyens avant de succomber à des coliques peu de temps avant de se présenter aux épreuves de qualifications. Cela a été un coup très dur. Ensuite, il y eu Queen Inès, par Install et Idumée Du Dollar, acquise à Deauville. Nous avons mis la jument au repos un long moment afin qu’elle se refasse une santé, mais nous n’avons jamais pu la retrouver par la suite. Ce dernier achat m’a définitivement fait renoncer aux ventes de chevaux « prêts à courir ». Puis est arrivé le fameux Qurieux Du Ponchet. Enfin, cette année, je me suis associé avec Gérard Hernot et Norbert Izard, propriétaire de Jag De Bellouet, dans l’achat de deux poulains, Texas Joli, par Sancho Pança, et Tchoui, par Lourmarin et Noblesse De Larré. J’ai en prévision l’achat d’un 3 ans et d’un 4 ans cette année, mais c’est encore confidentiel… Vous avez une anecdote amusante à nous raconter concernant Qurieux Du Ponchet ? C’est vrai ! L’histoire de Qurieux Du Ponchet est vraiment sympa. Lorsque je l’ai récupéré, le cheval n’était pas en état pour prendre part à la compétition. Mon épouse, Isabelle, désirait remonter à cheval, c’était l’occasion ! J’ai demandé à Pierrick Hernot de débourrer le cheval pour la promenade. Petit à Petit, on s’est aperçu que le poulain prenait du mordant et commençait même à monter en pression. Avec son entraîneur, nous avons pris la décision de le remettre en route pour la compétition. L’année passée, il a glané 17.000 euros de gains, et récemment, il s’est imposé à Graignes. Il devrait pouvoir nous faire plaisir en 2009. Subissez-vous une pression économique en tant que propriétaire ? Pour le moment, j’ai la chance de ne pas avoir subi de réelles pressions à ce niveau, étant tout de suite tombé sur des chevaux, comme Magic, Nuit, et maintenant Qurieux, pour payer les frais. Dans la région, on m’appelle d’ailleurs le « p’tit Barjon » (rires). Plus sérieusement, et si je peux me permettre ici, je donnerais comme conseil aux personnes qui se lancent dans l’achat d’un cheval de course, d’essayer d’avoir deux chevaux à courir, afin de subvenir aux frais des autres chevaux, pensions, poulains au débourrage ou en pré-entraînement. Jusqu’ici, j’ai toujours réussi à fonctionner ainsi. Avez-vous vécu de belles histoires d’amitié autour des chevaux ? Gérard Hernot a été mon premier contact dans le milieu hippique, c’est un homme travailleur, discret, fidèle, j’ai tout de suite senti que je pouvais lui faire confiance. Bien sûr, le monde des courses est propice aux rencontres. Ensuite, le courant va mieux passer avec certaines personnes qu’avec d’autres. C’est pour cela que nous avons acquis récemment, avec Gérard Hernot et Norbert Izard, deux poulains ; il s’agit de ma première association. Je m’entends bien avec eux, on se comprend, ce sont deux hommes calmes, posés, qui ont le même point de vue que moi au sujet de notre passion. Quelles sont vos relations avec vos entraîneurs ? J’essaie de ne pas les ennuyer dans leur boulot, que ce soit Gérard ou Pierrick, je leur fais totalement confiance quant aux choix des engagements et à la gestion de la carrière des chevaux. Si je ne peux pas venir aux écuries, je les appelle régulièrement, tous les quinze jours, pour prendre des nouvelles. Aimez-vous sortir des chevaux à la promenade et aller sur les hippodromes ? L’été, j’essaie de venir toutes les semaines à l’écurie lorsque mon emploi du temps le permet. La seule condition que j’avais émise lorsque j’ai rencontré Gérard Hernot, et décidé de lui confier des chevaux, c’était de pouvoir venir sortir des chevaux à l’entraînement. J’ai ainsi pu me rendre compte de tous les détails qui intervenaient dans l’entraînement d’un cheval de course. L’hiver je ne peux pas venir aussi souvent mais, dès que j’en ai une occasion, je saute dans un sulky ! Je ne rate quasiment aucune courses de mes pensionnaires. J’aime l’ambiance des hippodromes, passer au camion voir les gars préparer les chevaux, discuter avec eux, être à fond dans l’esprit d’équipe de l’écurie. Quelles ont été vos joies, vos peines, vos désillusions et vos rêves dans ce milieu ? Côté joies, il y a bien entendu les victoires, celle de Nuit Du Lys l’été dernier à Cabourg, m’a permis de remporter ma première course PMU, j’étais aux anges ! Côté peines, il y eu surtout le départ de Magic De Assigny, que l’on s’est fait réclamer à Villedieu. Le cheval avait un souci dans la bouche, aucun vétérinaire ne voulait y toucher, c’est pourquoi nous n’étions pas inquiets de le courir dans une épreuve « à réclamer », car beaucoup de monde savait qu’il avait ce problème. Malheureusement, la famille Goetz, toujours à l’affût dans ces épreuves, nous l’a pris, c’est le jeu. Cela m’a beaucoup marqué, j’ai pris dur. J’ai également été déçu par les ventes de chevaux « prêts à courir » où on nous mène en bateau ; j’ai cessé de passer par ce biais pour mes acquisitions. Mes rêves passent désormais par l’élevage avec ma première poulinière Nuit Du Lys.La passion rivée au corps !
Y a-t-il des limites à votre passion et à votre motivation ? La motivation n’est pas un souci, la flamme est là…Pour ce qui est des limites, évidemment, il faut s’en imposer. Pour ma part, financièrement, je réinvestis les gains engrangés en courses dans de nouveaux achats, sans toucher à mon capital de départ. Si une année est moins bonne, j’investirai moins, et inversement. C’est une passion, il ne faut pas mettre une famille en péril pour l’assouvir, il faut savoir rester sage. Comment votre famille vit elle votre aventure de propriétaire ? Ma femme, Isabelle, est tout aussi passionnée que moi. Elle va d’ailleurs s’occuper de la partie élevage dans lequel nous nous lançons. Même en ce qui concerne nos achats, on se consulte, il s’agit vraiment d’une passion commune. Si nous vous disons jalousie ? Envie de partage ? Dans la petite équipe de propriétaires présente chez Gérard, croyez moi qu’il n’y a aucune jalousie, bien au contraire, chacun supporte les chevaux des autres, nous suivons tous l’ensemble des chevaux de l’écurie, ce n’est pas à chacun son cheval. A l’arrivée d’une course, il y a souvent du monde dans les balances, il y a de l’ambiance…Voilà encore un côté merveilleux des courses ; ce rapprochement, cette convivialité. Avez-vous des souvenirs de grands professionnels ? Je me souviens de Léopold Verroken, avec Jorky notamment. C’était un grand Monsieur qui restait toujours dans l’ombre, discret, humble et doué bien entendu. C’était le début de mon intéressement aux courses, il m’a servi de modèle. J’apprécie également Jean-Pierre Dubois pour son côté réservé, mais surtout pour son côté visionnaire ; il a su aller chercher le sang américain. Dans la jeune génération, j’admire Thierry Duvaldestin. Tout comme les deux précédents cités, il ne fait pas cas de sa réussite, il reste calme, et ne cherche pas à se mettre sous le feu des projecteurs. Côté driver, je suis fan de Jos Verbeeck, pour son talent et sa longévité au top niveau ; il a su revenir au top après une mauvaise passe et fait partie de ces grands hommes du trot. Et la relève alors ? La relève viendra, espérons le, des deux poulains acquis avec Gérard et Norbert. Nous avons également en prévision d’acheter un « R » et un « S » cette année. Et bien sûr, je souhaite toujours passer par la filière des réclamers pour trouver des chevaux exploitables rapidement.La vie des courses
Comment appréhendez-vous le statut d’un propriétaire au trot ? En Tant que « petit » propriétaire, je trouve que nous sommes un peu mis à l’écart. On ne compte que sur nous. Il y a un manque de communication entre les instances dirigeantes et des gens comme moi. Par ailleurs, je trouve assez scandaleux qu’un propriétaire, qui ne détient par exemple que 10% d’un cheval, et donc, non détenteur d’une licence, doive payer une entrée sur un hippodrome pour venir voir son cheval courir alors qu’il participe à l’économie de la filière hippique. Si ce propriétaire se rend à Vincennes, il devra se contenter de regarder son cheval de loin, et ne pourra aller le voir dans les écuries, c’est tout de même un peu fort ! Avez-vous des idées personnelles sur sur la vie des courses ? Je regrette le manque de courses « à réclamer », il devrait y avoir au moins une course de ce type inscrite au programme des réunions. Au galop, ce système est mieux développé, alors pourquoi pas au trot ? Il y a bien des réunions consacrées aux « réclamers » mais elles sont trop rares selon moi. Et je ne parle pas des courses avec des taux de réclamations énormes pour des chevaux chargés en gains, je trouve cela ridicule ! Quel est votre avis sur l’Europe, le jeu et le PMU ? Pour ma part, je ne suis pas vraiment inquiet à ce sujet, d’ailleurs les dernières informations semblent encourageantes. Je pense que nous appartenons encore à une « génération hippodrome » ; le jeu par internet semble, vu d’ici, encore assez flou. Les courses ne sont pas un jeu de hasard. Les joueurs de poker aiment gagner rapidement, à chaque mains ; les courses n’ont rien voir avec ce type de paris. Je ne pense pas que le joueur du PMU d’aujourd’hui soit prêt à faire confiance à un bookmaker. Quel regard portez-vous sur la province ? Je suis fan ! J’adore l’ambiance qui y règne. J’aime manger le midi près des chevaux, au milieu des camions. Vincennes possède un côté magique et enthousiasmant, par le fait que ce sont de très belles courses, richement dotées, mais il y manque cet esprit festif des hippodromes de province. Je tiens à souligner le coup de cœur que je porte à l’hippodrome de Cabourg, toujours bondé de monde l’été. Je regrette juste qu’il n’y ait pas d’épreuves majeures dans ce meeting estival. Vue la fréquentation, il serait de bon ton de faire venir les meilleurs chevaux du moment avec, pourquoi pas un groupe 1. Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !La Rédaction - ©2025 Zone-Turf.fr
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