Des vols dans des haras de Normandie !

Depuis plus d'un mois, une bande de malfaiteurs profite du meeting hivernal de Vincennes et de l'absence des entraîneurs et de quelques éleveurs, pour cambrioler leurs haras en Normandie. Leur mode opératoire est simple : ils se font passer pour d'éventuels acheteurs afin de connaître les allées et venues de leurs futures victimes! Le milieu du trot est en alerte!

De début novembre à fin février, l'hippodrome de Vincennes concentre pas moins de 859 épreuves : tous les passionnés du trot se retrouvent pour ce meeting d'hiver. Avec en point d'orgue de ces compétitions, le Prix d'Amérique, disputé le 31 janvier. Pendant ces quatre mois, entraîneurs, jockeys et lads se regroupent à Grosbois. Ce centre d'entraînement, situé à 15 km de Vincennes, rassemble jusqu'à 1 500 chevaux. Leurs propriétaires et éleveurs se font une joie lors de ces périodes pour aller voir courir leurs pensionnaires. C'est justement durant ce laps de temps que des cambrioleurs officient pour commettre leurs malveillances. Leur procédé est bien rôdé. Quelques jours avant les faits, ils appellent les entraîneurs ou éleveurs, se faisant passer pour des professionnels du trot ou des journalistes. Ils demandent à venir voir un cheval qui serait en vente proposant des dates. Ils arrivent ainsi à connaître l'emploi du temps de leurs futures victimes, résidant pour la plupart dans le Calvados, l'Orne, la Manche et la Mayenne.

"Ils demandent un rendez-vous pour acheter un cheval"

Sachant les propriétaires en région parisienne, les malfaiteurs mettent à profit ces absences pour dépouiller les haras, volant coffres-forts, espèces, bijoux et autres meubles. Leurs butins s'élèverait à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Apparemment, ils ne sont pas intéressés par le matériel ou les trophées hippiques."Ils demandent par exemple un rendez-vous pour acheter un cheval de course ou un yearling", explique Jean-Yves Lécuyer, du haras du Vivier à Houesville, près de Carentan (Manche). Cet éleveur, ayant reçu un coup de fil pour savoir s'il avait des chevaux à vendre, s'est méfié. "Dans le milieu, ça commence à se savoir." Aussi pour la nuit du 31 décembre, il a fait appel à des vigiles. Autre exemple : l'histoire de ces propriétaires, originaires d'un haras aux environs de Dozulé dans le Calvados : "Nous n'étions pas allés aux courses depuis cinq ans. Le 13 décembre dernier, mon mari et moi, nous nous sommes rendus à l'hippodrome de Vincennes où court Severino, un de nos chevaux qui a fini 3ème du Grand Prix de la Licorne. Mais à notre retour, le coffre-fort de 500kg avait disparu." Il a été retrouvé éventré dans la région de Chartres : les chéquiers avaient été brûlés mais bijoux, objets d'art et valeurs avaient disparu. Avant de partir à Vincennes, le couple avait reçu un appel d'un interlocuteur se présentant comme journaliste et leur demandant s'ils allaient voir courir leur cheval.

Des grands noms du trot parmi les victimes!

L'affaire commence à faire des vagues. "En un peu plus d'un mois, nous avons dénombré douze entraîneurs de trotteurs victimes de cambriolages dans les mêmes circonstances ", indique Jacques Chartier, directeur technique de la Société d'encouragement du cheval français qui organise les courses de trot en France. Dans la liste des victimes figurent de grands noms du trot : Pierre Levesque, cambriolé dans la Manche fin décembre Dominique de Bellaigue, président de la SECF dans l'Eure-et-Loir. Alain Roussel dans l'Orne et quelques autres entraîneurs réputés en Mayenne. Christian Bazire, président du Syndicat des entraîneurs, ajoute : "Ces gens agissent toujours de la même façon. Nos collègues doivent se méfier des coups de téléphone suspects. Mais il vaut mieux ne pas trop parler de ces histoires dans la presse et laisser les gendarmes faire leur travail. Il n'y a pas que la Normandie qui est touchée." En effet, des faits similaires auraient eu lieu jusque dans le Loiret précise la gendarmerie de la Manche. Est-on en présence de la même bande agissant selon la même méthode? Face à la multiplication de ces méfaits essentiellement commis en zone rurale, la gendarmerie tente de mobiliser ses moyens à travers un groupe de travail régional. Première tâche : recueillir des indices et surtout des témoignages. Affaire à suivre... Jusqu'à 600€ offerts pour parier sur les courses hippiques !

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